Si l’on considère que le peuplement de l’Amérique Latine était à l’origine asiatique, que les anciennes civilisations avaient aussi leurs musiques, chants et danses rituelles, qu’elles ont été colonisées par les Espagnols et les Portugais, que s’ensuivit une arrivée massive d’esclaves venus d’Afrique, puis d’Européens, fin XIXe, on peut dire que la musique latino-américaine est le fruit de musiques issues de nombreuses civilisations.
De tous temps, les peuples ont fait appel à la musique pour accompagner leurs danses. Les chants et danses des Indigènes étaient accompagnés par des instruments à vent, conques, flûtes, sifflets, quena, siku, et ocarina en argile, ainsi que par des instruments rythmiques, tambours de formes et de matériaux divers, le point commun aux musiques précolombiennes est l’absence d’instruments à cordes. A leur arrivée, les Espagnols et les Portugais, introduisent des instruments à cordes, cuatro, guitare, qui ont inspiré les Indiens de l’Altiplano pour fabriquer le Charango, instrument emblématique de la musique des Andes, de loin le plus populaire, et la harpe indienne, très présente au Paraguay. Au XVIe les Africains sont déportés comme esclaves, introduisant leur culture et leurs formes d’expression spécifiques, en termes de danses, de chants, de musiques, de rythmes et d’instruments, ainsi arrivent les percussions, bombo, bâton de pluie, triangle et sonnaille, ils importent aussi le chant. Parallèlement, la musique baroque est à son tour introduite par les missionnaires au XVIe.
Une intense vie musicale se développe principalement autour des plus importantes cathédrales. En Nouvelle Espagne, c’est à Puebla et à Mexico, en Nouvelle Grenade, à Bogotá, à Lima, dans le Haut Pérou, en Bolivie à Sucre ainsi qu’à Santiago de Cuba. Partout se succèdent des maîtres de chapelle et des compositeurs remarquables. Au Pérou la musique prend un essor tout à fait exceptionnel. Un compositeur italien introduit en 1685 les violons dans la cathédrale, son style est représentatif du baroque sud-américain avec des influences espagnoles, italiennes, indigènes et africaines.
Le développement de la musique au Brésil est plus tardif, l’église était moins bien organisée et moins puissante. On distingue six centres musicaux : Bahia, Pernambouc, Minas Gerais, Rio de Janeiro et Sao Paulo.
Des orchestres et des chœurs privés d’esclaves africains connaissent un grand succès, et même, certains des grands compositeurs de cette époque sont mulâtres. L’influence de la musique africaine se retrouve dans les rythmes des « modinha », chansons d’amour proche des romances françaises, et dans le « lundu », danse afro-brésilienne très populaire à la fin du XVe dans les salons à Rio de Janeiro.
Dès le début du XIXe, les pays latino-américains cherchent à s’émanciper. C’est la naissance de musiques qui connaissent un grand rayonnement, tels le Tango, la Rumba originaire d’Afrique Centrale, la Salsa, et bien d‘autres, popularisées dans les années trente à Cuba. C’est aussi la création d’écoles nationales de musique. Les nouveaux compositeurs s’inspirent d’œuvres européennes classiques, en reprenant des thèmes folkloriques. Le grand compositeur brésilien Villa-Lobos en est le meilleur exemple. Il en est de même pour l’œuvre du compositeurs espagnol Manuel de Falla qui vécut en Argentine une partie de sa vie et s’est inspiré du folklore.
A partir du XXe, les moyens de communication et de diffusion de la musique sont tels, que de nombreux compositeurs latino-américains empruntent et adaptent des styles musicaux du monde entier. La bossa nova, la salsa, la musique pop latino américaine, s’apparentent au jazz, se mélangent au néo folklore, et deviennent une musique « latino » Avant la révolution de 1959, Cuba était à l’avant garde de la musique latino américaine, cette révolution fait apparaitre une musique régionale, au départ une musique contestataire, liée à la situation politique de pays comme la Bolivie, le Chili et l’Argentine. Par une sorte de revirement de l’histoire, ce phénomène a permis aux musiques de l’Amérique latine, qui avaient gardé leur ancrage culturel propre, de conquérir à leur tour le monde et de devenir extrêmement populaires sous les appellations diverses de « musiques folkloriques », « musiques traditionnelles », « musiques du monde » ou « world music », donnant lieu dans de nombreux cas à des adaptations par des artistes internationaux. La révolution cubaine en 1959 n’a pas freiné le développement de nouveaux rythmes, mais a écarté Cuba du devant de la scène. Trois nouveaux épicentres de Salsa apparaissent alors, New York, Miami et la Colombie.
C’est alors que surgissent, tant en Amérique Latine qu’à l’extérieur, des artistes individuels ou des groupes ayant vocation à faire connaître les musiques de leur région ou de leur pays. Les musiciens qui ont gardé leurs racines culturelles et conservé leur identité, transmettent aujourd’hui, hors des courants à la mode, les musiques originaires de leur région.
Cette année 2013, Paris a vu défiler plusieurs artistes colombiens, ainsi que le fameux groupe cubain Buena Vista qui était au programme de Pleyel, après avoir été dans les années trente, acclamé au Carnegie Hall. En ce moment, en décembre 2013, à La Havane a lieu Le Festival International de Jazz, l’un des événements musicaux les plus importants de la Havane. Le festival attire les grands noms du jazz, et permet aussi à de jeunes talents de monter sur scène.
Parallèlement, on a pu constater la réapparition au premier plan de certains rythmes et courants musicaux, tels que le tango, la salsa, le son cubain ou le boléro.
Le Tango
Le Tango venu du Rio de La Plata a gagné le monde entier, il est classé par l’Unesco au patrimoine culturel de l’humanité. En France, au XXe son arrivée a fait l’objet de plusieurs vagues successives. Depuis le simple séjour de musiciens et de danseurs argentins ou uruguayens jusqu’à l’apparition de compositions et d’orchestres complètement issus de notre pays. Dans les années 20, les Années Folles, l’arrivée de musiciens argentins donne un essor à la diffusion du tango d’origine. De nombreux orchestres et artistes argentins et uruguayens viennent en tournée, Carlos Gardel, Eduardo Arolas, Francisco Canaro, Astor Piazzolla ou bien le Sexteto Mayor, autant de grands noms de l’histoire, passés par la France et qui ont contribué à son succès. La seconde guerre mondiale met un frein à cette vogue. Les musiques venues de l’Amérique du Nord remplacent le tango dans les lieux de danse. Plus récemment, les vicissitudes de l’histoire de l’Argentine ont conduit des musiciens argentins à s’exiler en France où ils ont apporté de nouvelles formes de tango. Le tango dansé en France réapparait à partir de 1980, mais en oubliant presque totalement les productions issues des vagues précédentes. Il compte aujourd’hui de nombreuses écoles à Paris et dans plusieurs villes de province et sa vogue ne tarit pas.
La Salsa
Dans les années 60, de nouveaux rythmes provenant de Cuba s’associent et se mélangent au Jazz, et prennent le nom de Salsa, qui en espagnol signifie « sauce ». Un antique prédécesseur de la Salsa est la Contredanse, dansée à Versailles, qui fut adoptée par la Cour d’Espagne, avant de rejoindre les terres des Caraïbes durant la colonisation, et arriver à La Havane.
À New York, les immigrants de Porto Rico abandonnent leur musique et se tournent vers la musique afro-cubaine. Miami est la destination des exilés cubains, c’est là que se fait la promotion de la salsa, le symbole « Libérer Cuba de Castro. » Grâce à un immense vivier de musiciens talentueux et d’innovations rythmiques, la Colombie devient le centre de la Salsa, ce qui fit souvent dire que la salsa était d’origine colombienne. Comme pour le Tango, il existe dans de nombreuses villes de France, des écoles de Salsa.