L’Amérique latine en fait voir de toutes les croisières

Loin d’être démodée, la croisière n’en finit pas de se réinventer. Qu’on recherche l’aventure ou qu’on ait soif de culture, qu’on rêve de grands espaces ou de petits paradis, qu’on ait juste quelques jours devant soi ou qu’on embarque pour plusieurs mois, ce mode de voyage, aujourd’hui proposé dans une multitude de déclinaisons, offre une variété d’expériences incomparable. Avec plus de 60 000 kilomètres de littoral, auxquels s’ajoutent rives de fleuves et bords de lacs, l’Amérique latine et les Caraïbes constituent des destinations rêvées pour des vacances au fil de l’eau.

Des itinéraires magiques pour des voyages uniques

Des îlets caribéens aux fjords patagoniens, les options sont nombreuses pour les croisiéristes qui naviguent en Amérique latine. On peut se concentrer sur un pays en longeant patiemment ses côtes, s’offrir un combiné mêlant plages désertes et villes bouillonnantes, s’ébahir devant des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, arpenter des parcs nationaux jalousement protégés… Ou faire tout ça à la fois !

 

Half Moon Cay (© Jonathan Palombo via Wikimedia Commons)

 

Des itinéraires s’attardent par exemple dans les eaux tropicales et les îles isolées des Caraïbes, en associant la visite de sites historiques de l’ancien empire Maya au Belize, le sable blanc et la vie sous-marine de l’île déserte Half Moon Cay ou du Parc National maritime Bocas del Toro, l’échange avec des communautés insulaires ravies de partager leur histoire, leur culture et leurs spécialités culinaires… Belles rencontres et nature insoupçonnée sont également au programme de croisières associant, outre les rivages enchanteurs du Belize, les trésors du Honduras tels que la réserve Cuero y Salado, ses singes, ses tortues et ses caïmans, ou les îles de la Baie avec leurs cayes paradisiaques, leurs criques de sable blanc et leurs forêts à la faune et la flore préservées.

D’autres croisières mettent à l’honneur les communautés et cultures indigènes de la côte du Chocó, où règne une atmosphère afro-colombienne, puis poursuivent leur route maritime vers le seul parc national côtier de l’Équateur, Machalilla, dont l’incroyable faune rivalise avec celle des Galápagos, avant de mettre le cap sur Lima, son centre historique répertorié au Patrimoine Mondial de l’Unesco, son quartier bohème de Barranco et ses restaurants figurant pour certains parmi les meilleurs du monde.

 

Lima (© James C. via Wikimedia Commons)

 

Le voyage se poursuit vers la station balnéaire de Paracas, autour de laquelle on trouve des distilleries de pisco et, à quelques heures de route, les célèbres lignes de Nazca. Le Chili marque souvent le terme du voyage, qui prévoit la visite de la ville de Humberstone, dans le désert d’Atacama, une ancienne mine de salpêtre elle aussi inscrite au patrimoine de l’Unesco, tout comme Valparaíso, « joyau du Pacifique » et point final de la navigation.

Le long des côtes latino-américaines, on peut aussi appréhender toute la beauté de l’Amérique Centrale, en commençant par s’immerger dans la culture et la nature mexicaines : la péninsule de Basse-Californie jusqu’à Cabo San Lucas, les plages idylliques et la riche vie marine du parc national de Huatulco, dans l’État d’Oaxaca… Après un passage par le Salvador, la navigation se poursuit au Nicaragua, où les voyageurs peuvent apprécier successivement León, l’ancienne capitale à la belle architecture coloniale, les somptueuses plages de San Juan del Sur et l’activité touristique de Puntarenas. Elle s’achève au Costa Rica, d’où les voyageurs ne partiront pas sans avoir admiré le majestueux volcan Arenal, profité des sources chaudes naturelles, pagayé en pleine forêt tropicale sur le fleuve Peñas Blancas, arpenté les jardins de la cascade de La Paz, entre orchidées et papillons, puis retrouvé l’animation citadine le temps d’une soirée à San José, la capitale.

 

San Juan del Sur, Nicaragua (© Paul Biondi via Wikimedia Commons)

 

Patagonie et Antarctique : croisières au bout du monde

Les croisières d’expédition d’Australis parcourent les lieux emblématiques de la Terre de Feu que sont le Détroit de Magellan, le Canal de Beagle et le légendaire cap Horn. Durant toute la navigation, des débarquements à terre et des sorties en Zodiac invitent à des excursions hors du commun dans toute la région : au parc national Cabo de Hornos, à la rencontre des colonies de cormorans et de manchots des îlots Tucker ou encore aux pieds des impressionnants glaciers Pía, Águila et Condor. Ces voyages aux prestations haut de gamme, rythmés par les conférences de guides et naturalistes passionnés, sont également l’occasion de tout savoir sur la flore locale, d’une formidable diversité, ou de s’initier à l’art de la photographie avec un grand nom de la discipline.

Chez Navimag, c’est un ferry de fret et de passagers qui assure la navigation entre Puerto Montt et Puerto Natales, en Patagonie chilienne, le long d’un littoral intact qu’ont sculpté l’eau, le vent et le temps. Pendant 3 à 4 jours et autant de nuits, l’itinéraire du navire Esperanza, inauguré en 2021, promet une connexion avec la nature et une succession de paysages merveilleux : fjords à couper le souffle, canaux spectaculaires, forêts luxuriantes, volcans enneigés… Les passagers deviennent aussi les observateurs privilégiés d’une intense vie marine et sauvage, qui contribue à rendre inoubliable leur voyage.

L’Antarctique se prête aussi à des croisières exceptionnelles, dont le format varie selon les compagnies : une boucle au départ de Buenos Aires avec passage du cercle polaire, des formules incluant une escale aux îles Malouines ou dans la péninsule Valdés, d’autres avec des naturalistes qui dévoilent les secrets d’un écosystème unique dont les phoques et les manchots sont les précieux ambassadeurs… Ce sont autant de parenthèses féériques et ponctuées de temps forts, tels que la navigation en pleins cinquantièmes hurlants, l’observation d’orques et de baleines à bosse ou bien encore l’approche d’icebergs aux formes et aux teintes surnaturelles, d’anciennes bases militaires ou de plages volcaniques où demeurent quelques vestiges de stations baleinières.

Autour des îles Galápagos, sur les traces de Darwin

Le naturaliste et paléontologue Charles Darwin, qui vécut au 19ème siècle, prit place sur le HMS Beagle pour la deuxième expédition de ce dernier, entre 1831 et 1836. De cette expérience à bord du navire de la Royal Navy, dont il débarquait régulièrement pour des recherches de terrain, Darwin est revenu plein d’observations géologiques et biologiques d’une grande valeur scientifique. Plusieurs compagnies ont aujourd’hui choisi de s’inspirer de Darwin et de son long périple en mer pour leurs itinéraires latino-américains. Beaucoup d’entre eux se concentrent naturellement autour de l’archipel des Galápagos, où ses explorations furent cruciales dans l’élaboration de sa théorie de l’évolution. On peut citer la croisière d’expédition dans les îles Galápagos, d’une dizaine de jours, organisée par Hurtigruten. Au départ de Quito, qui fait l’objet d’un tour de ville culturel, elle passe par le volcan (actif) Cotopaxi, dans le parc National du même nom, se poursuit avec une visite aux otaries de l’îlot de Mosquera, puis continue au cœur de l’archipel le plus célèbre d’Équateur.

 

© Gordon Leggett via Wikimedia Commons

 

Les participants à cette croisière à vocation scientifique croiseront ici les tortues géantes de la réserve de Cerro Colorado, les fous de Bassan de Punta Pitt, les iguanes terrestres de Santa Fe ou les célèbres « pinsons de Darwin », des oiseaux qui furent à la base de la théorie darwinienne de l’évolution. À Puerto Ayora, sur l’île Santa Cruz, il est possible de visiter la station portant le nom du scientifique, qui abrite un centre de recherche dédié à la conservation de la faune et la flore incomparables des Galápagos. Ici, la nature n’en finit pas de réserver de jolies surprises aux voyageurs, qu’ils s’étonnent du rouge éclatant des lézards de lave d’Española, s’extasient devant El Soplador, un trou souffleur d’où s’échappe un jet d’eau de 23 mètres, ou s’ébahissent en abordant la plage de corail de Gardner Bay.

Les croisières dans les Galápagos peuvent ainsi être tout entières consacrées à la faune de l’archipel, axées sur ses îles les plus réputées, pleinement inspirées du voyage de Darwin ou bien encore couplées avec la découverte d’un haut lieu de la civilisation inca : le Machu Picchu. L’itinéraire péruano-équatorien prévoit alors un départ de Lima, dont une visite s’impose, une excursion à Cusco, que d’aucuns surnomment « le nombril du monde » et qui concentre bien des vestiges de la puissante civilisation inca, et bien sûr le Machu Picchu, citadelle magique, mystique et iconique qui figure parmi les sept nouvelles merveilles du monde.

D’un pôle ou d’un continent à l’autre : l’aventure au long cours

À l’image de la compagnie norvégienne Hurtigruten, des croisiéristes se sont fait une spécialité des longs itinéraires. Certains d’entre eux peuvent ainsi durer trois mois, au cours desquels les passagers découvrent de nombreuses destinations, côtes, villes et îles. Citons parmi ceux-là ce qu’Hurtigruten présente comme « la croisière d’expédition d’une vie », et qui mène les voyageurs de l’Arctique à l’Antarctique. Elle permet de voir, à bord du premier navire d’expédition à propulsion hybride du monde, 11 pays en 94 jours. Après une première partie de navigation le long des côtes du Canada, de l’Alaska, du Groënland et de l’est des États-Unis, cette croisière hors norme met le cap sur l’Amérique latine où ses passagers n’ont pas fini de s’émerveiller.

 

Otarie des Galápagos (© Diego Delso via Wikimedia Commons)

 

L’itinéraire prévoit notamment de belles escales caribéennes (Belize City, le récif corallien Lighthouse Reef, l’île colombienne de la Providence et ses eaux cristallines, les îles tropicales du Maïs au Nicaragua, l’archipel métissé de Bocas del Toro, au Panama, la ville portuaire de Colón) avant une expérience mémorable : la traversée du canal de Panama. Parvenus côté Pacifique, les passagers visitent les ports équatoriens de Manta et Puerto Bolívar, avant de jeter l’ancre à Salaverry, au Pérou, pour explorer la ville de Trujillo et les sites archéologiques alentours. L’expédition se poursuit à Lima, puis Paracas, avant de gagner les villes chiliennes d’Arica, Iquique, La Serena et Valparaíso, le « Bijou du Pacifique ». Désormais incollables sur l’histoire inca et le passé colonial de cette partie du monde, les voyageurs terminent leur croisière en Patagonie, où ils naviguent des fjords chiliens jusqu’à la péninsule Antarctique en passant par le cap Horn.

La compagnie norvégienne propose d’autres croisières au long cours, d’un à trois mois, qui combinent de la même manière plusieurs de ses itinéraires classiques. Rencontre avec des communautés indigènes, plongée dans la forêt tropicale, contemplation de vestiges précolombiens et de sites classés à l’Unesco… Selon l’expédition choisie, les escales et les expériences changent mais la magie est toujours garantie. Il arrive également que l’Amérique latine soit en elle-même une destination pour croisiéristes en quête d’aventure, comme c’est le cas avec certains itinéraires imaginés par la compagnie du Ponant.

Parmi eux, la croisière transatlantique « Napoléon Bonaparte, entre Histoire et patrimoine » conduit les voyageurs de Dakar, au Sénégal, jusqu’à Santos, au Brésil, sur les traces du premier empereur des Français. Elle emprunte la voie maritime traversée en 1815 par Bonaparte avec une première escale sur l’île de l’Ascension, désertée par les hommes mais devenue un sanctuaire pour les oiseaux, les mammifères marins et les tortues vertes. Thème du voyage oblige, l’escale suivante a lieu sur la surprenante île de Sainte-Hélène, avant quelques jours en mer supplémentaires pour gagner les côtes brésiliennes et découvrir la vibrante Rio, l’authentique Paraty et la ville de Santos, l’une des premières colonies portugaises du « Nouveau Monde », point final de cette croisière exclusive. Dans l’autre sens, la compagnie française propose un trajet tout aussi original entre la géniale capitale argentine, Buenos-Aires, et la ville andalouse de Cadix. Elle a aussi intégré à son catalogue un voyage en mer reliant Boston à Belize City. Cette dernière est le parfait point de départ pour admirer le célèbre Blue Hole et la barrière de corail, ainsi que les trésors de l’architecture maya qu’abrite le Belize.

 

Vue de Quito (© David Adam Kess via Wikimedia Commons)

 

Fluviales ou à la voile, des croisières toujours plus originales

Si à l’évocation de la croisière, on a tendance à visualiser un paquebot naviguant en plein océan, ce format de voyage ne se limite pas à la haute mer. Tout d’abord, la croisière peut être fluviale, comme c’est le cas sur l’Amazone. Le plus puissant fleuve du monde inspire des itinéraires à son image : résolument mythiques. Y naviguer, c’est traverser un véritable sanctuaire animal et végétal, considéré à raison comme le poumon de la planète. Les croisières sur l’Amazone débutent le plus souvent par quelques jours sur terre, à Quito par exemple, puis à Otavalo, dont le marché indien est un incontournable dans la région. Elles se déroulent ensuite à bord de bateaux spécialement conçus pour l’exploration du fleuve, et d’où l’on jouit d’une vue incroyable sur la forêt tropicale. Durant leur navigation, les passagers débarquent régulièrement pour prendre place sur des petits canots qui permettent d’accéder à des îles ou des rivières. Comme le rio Napo, les multiples affluents du fleuve constituent l’habitat de bien des espèces animales, telles que le dauphin rose, ou « boto », mais aussi des rapaces, des caciques et des pics en tout genre.

Les croisières dans cette zone du monde invitent également à des rencontres inoubliables avec les communautés locales, à l’image du peuple Cofán, l’un des plus anciens de l’Amazonie équatorienne, qui partage ses connaissances ancestrales en matière de plantes, notamment médicinales, et de vie sauvage. Le parc national Yasuni, réserve mondiale de la biosphère, est un autre passage obligé pour les croisiéristes. Ils y croiseront d’innombrables espèces de papillons, de reptiles, d’amphibiens et d’oiseaux. C’est également là que vivent les Secoyas, des indigènes qui tentent de perpétuer leur style de vie et leurs traditions. Dans le dialecte des Kichwas, autres habitants de la forêt tropicale, le lac Pañacocha signifie « lac aux piranhas ». Ce qui n’empêche pas de trouver, dans ses eaux noires, des centaines d’autres espèces de poissons et des caïmans… C’est l’une des excursions typiques qui rythment une croisière sur l’Amazone et ses affluents, tout comme la visite de la réserve biologie de Limoncocha, à la faune elle aussi infiniment riche et précieuse.

Les possibilités de croisières sur l’Amazone sont au moins aussi nombreuses que les pays qu’il traverse. On peut aborder l’Amazone côté Pérou, en optant pour un bateau luxueux et une formule « all inclusive » associant aventure et confort. Là encore, l’idée est de découvrir la variété de la faune amazonienne en traversant son territoire et en visitant les réserves que compte ce dernier. Dès l’automne 2024, la nouvelle compagnie de croisières française Exploris, dont le catalogue comporte déjà un bel itinéraire autour des îles du Brésil et des périples patagoniens, proposera ses premières expéditions en Amazonie.

Le célèbre fleuve sud-américain n’est toutefois pas le seul à permettre la navigation sur ses eaux. C’est aussi le cas du Magdalena, rio le plus important de Colombie, que l’on peut parcourir pendant 3 jours et 2 nuits sur une embarcation très « glamping ». Entre Carthagène, perle des Caraïbes, et la ville idyllique de Mompox, cette croisière qu’il fait bon vivre depuis un hamac passe par des villages reculés que l’on peut approcher dans de petits canoës semblables à ceux utilisés par les pêcheurs locaux ou découvrir en enfourchant des vélos mis à disposition. À condition d’être de retour à bord à temps pour l’heure du coucher de soleil, à admirer un cocktail à la main.

 

Le lac Titicaca (@ Diego Delso via Wikimedia Commons)

 

Fleuves et océans n’ayant pas le monopole de la croisière, pourquoi ne pas tester la déclinaison lacustre ? On peut en effet passer deux jours et une nuit en catamaran sur le lac Titicaca afin d’apprécier pleinement tous les trésors de ses rives : le sanctuaire de la vierge de Copacabana près de l’Altiplano, l’île du soleil où se trouvent plusieurs vestiges incas, dont le complexe archéologique d’Inti Wata, les panoramas sur la cordillère des Andes côté bolivien, l’île de Kalauta qui fut une importante nécropole préhispanique, la communauté indigène de Pata Patani… Les amateurs de bateaux à voile ont également la possibilité, très différente mais tout aussi plaisante, de réserver une croisière en voilier à travers les îlots de l’archipel vénézuélien de Los Roques , réputés pour leurs fonds marins époustouflants, avec plongées et poisson frais à volonté.

Enfin, si certaines croisières durent des mois, certaines, plus accessibles, ne durent que quelques heures ! Concluons donc ce dossier thématique par deux exemples de ces mini-navigations : d’abord dans les îles de Lima, au Pérou, pour voir de près les sites historiques et la faune locale – oiseaux, lions de mer – de Palomino, Cabinzas et El Frontón, en compagnie d’un guide local ; mais aussi en Argentine, pour observer Buenos Aires depuis un point de vue panoramique inédit, sur le Río de la Plata. Des balades fluviales d’une heure y sont organisées au départ de l’embarcadère de Puerto Madero. ¡Un crucero corto pero hermoso!

 

Península Valdés (© Giorgio Parravicini via Wikimedia Commons)