Les meilleurs spots d’observation des cétacés en Amérique latine et dans les Caraïbes

Baleines, dauphins et autres marsouins captivent par leur intelligence, leurs mouvements gracieux et leur part de mystère que l’homme, aussi subjugué qu’impressionné, rêve de percer… À défaut d’y parvenir, il est parfois possible d’approcher, en veillant à ne pas les déranger, ces merveilleux mammifères marins dont on dénombre près d’une centaine d’espèces. Les eaux latino-américaines et caribéennes, où sont visibles certaines d’entre elles, peuvent être le théâtre de rencontres magiques entre de chanceux observateurs et de majestueux cétacés. Découvrez 10 spots où voir des cétacés dans cette région du monde !

Dans le Pacifique colombien, la mise-bas des baleines à bosse

Capable d’engloutir quotidiennement jusqu’à 1,5 tonne de nourriture, la baleine à bosse est l’un des plus gros animaux de la planète. C’est aussi l’un des plus fascinants pour l’homme, qui n’a pas si souvent l’occasion de côtoyer pareille créature. Pour observer ces « doux géants » dans leur habitat naturel, la côte Pacifique de la Colombie est une bonne option, explique la PADI (Professional Association of Diving Instructors) sur son blog officiel. Les populations de baleines à bosse venues du nord et du sud du globe se retrouvent en effet dans ces eaux tropicales entre juin et octobre pour y mettre bas. Cette période est donc à privilégier pour qui espère s’en approcher, et plus spécifiquement les mois de septembre à octobre pour avoir la chance de voir des baleineaux… Tumaco, Buenaventura, Bahía Málaga et Nuquí sont autant de spots d’observation réputés sur le littoral colombien, tout comme le parc naturel national de Gorgona.

Une baleine au large de la Colombie

Au Costa Rica, le bien-nommé Parc National Marino Ballena

De baleines à bosse, il en est encore question sur les côtes costariciennes, où ces cétacés amicaux qui sautent au-dessus de l’eau aussi bien qu’ils chantent en-dessous s’observent deux fois dans l’année : de décembre à mars pour celles de l’hémisphère nord et de juillet à fin octobre pour celles de l’hémisphère nord. Premier parc marin du Costa Rica et d’Amérique Centrale, le Parc National Marino Ballena et ses 5375 hectares de zones maritimes protégées (contre 110 « petits » hectares terrestres) est la destination de prédilection des passionnés de mammifères marins. Des excursions sont proposées à ses abords aux voyageurs désireux d’admirer les baleines, mais aussi les grands dauphins ou les dauphins tachetés. Ces dauphins sont notamment visibles près du Tómbolo de Punta Uvita, une formation rocheuse accessible aux piétons à marée basse et dont la forme particulière évoque à celles et ceux qui la survolent… une queue de baleine ! Une ressemblance qui lui vaut d’ailleurs le surnom de « Cola de la Ballena ».

Au large de la péninsule Valdès

La Patagonie, véritable paradis pour les mammifères marins

La péninsule Valdès, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, compte parmi les plus belles réserves naturelles d’Amérique latine. La province argentine de Chubut, dont elle dépend, a créé une aire protégée comprenant à la fois son espace terrestre, son espace aérien et une frange de 3 miles marins sur son pourtour. Les cétacés s’observent nombreux autour de la presqu’île, à des périodes distinctes selon les espèces. D’août à octobre, ce sont les baleines franches australes, remontant des eaux froides de l’Antarctique pour la reproduction, qui sont les reines de Patagonie. Aussi appelées « baleines noires », ces beautés des mers mesurent de 13 à 15 mètres et sont reconnaissables à leur large dos sans nageoires ainsi qu’à leurs callosités blanches au niveau de la tête, auxquelles viennent se fixer des crustacés parasites. Entre février et avril, les voyageurs de passage observent plutôt des orques venues chasser les bébés lions de mer apprenant à nager, près des plages de Punta Norte et Caleta Valdes. Si ces grands dauphins grégaires, dont le poids peut atteindre 3 à 4 tonnes, ne méritent pas leur réputation de tueurs sanguinaires, ils n’en sont pas moins des prédateurs redoutables pour bien des espèces, y compris les baleines, dauphins et autres requins. Il faut dire que chaque orque, reconnaissable à ses dents, son dos noir et son ventre blanc, mange environ 3 % de son poids chaque jour !

Sur l’Amazone et l’Orénoque, à la rencontre des dauphins d’eau douce

Qui dit observation des cétacés dit océans… Mais pas seulement ! En 2023, Le Figaro faisait figurer le bassin de l’Orénoque, fleuve vénézuélien et colombien, parmi les 7 plus beaux spots du monde pour plonger ou nager avec les dauphins. C’est en effet l’habitat du dauphin rose, ou « boto », le plus grand des dauphins d’eau douce. Celui-ci « se dévoile souvent en petit groupe de 2 à 4 individus lors de navigations sur l’Amazone et l’Orénoque, peut-on lire dans l’article du quotidien français. Seul dauphin capable de pivoter à angle droit, il accepte les humains sur son territoire et il est possible de nager avec lui. » L’espèce se caractérise effectivement par une colonne vertébrale plus flexible que chez ses homologues marins. Ses vertèbres, qui ne sont pas soudées entre elles, lui permettent d’effectuer des virages serrés. Mais cette agilité ne protège pas le boto des périls qui le menacent, comme la multiplication des barrages, le braconnage ou encore la pollution au mercure. Pour autant, il est encore possible de rencontrer cet étonnant dauphin rose sur l’Orénoque et dans la région de Manaus, au Brésil. Objet de plusieurs légendes, il est parfois considéré comme le gardien des secrets de la forêt amazonienne.

Dauphins roses d’Amazonie

Fernando de Noronha, au Brésil, repaire des dauphins à long bec

Quittons l’eau douce pour l’eau de mer sans pour autant quitter le Brésil. À quelques milliers de kilomètres de Manaus, dans l’océan Atlantique, vivent d’autres dauphins bien différents des botos : les dauphins à long bec. Mentionnée par la PADI parmi les 10 meilleurs endroits pour nager et plonger avec les dauphins, Fernando de Noronha est la principale île de l’archipel du même nom, et un véritable repaire pour ces dauphins élancés friands de petits poissons, de calamars et de crustacés. C’est ici que vit le plus grand groupe de cette espèce au monde, soit environ 10 000 animaux qu’il n’est pas rare de croiser près des côtes au petit matin, de retour d’une chasse nocturne au large. Ces dauphins évoluant en bancs compacts de quelques dizaines d’individus sont visibles au nord de l’île d’août à novembre et sur le rivage sud de janvier à mars.

Des dauphins à long bec à Fernando de Noronha

Les abords de l’Île Socorro, peuplés de grands animaux marins

Bien plus grands et nettement plus lourds que les dauphins à long bec (2 à 4 mètres et jusqu’à 400 kilos, contre 1,3 à 2 mètres et 75 kilos tout au plus), les grands dauphins peuplent eux aussi le littoral latino-américain. Mais c’est dans les eaux du Pacifique, près de l’île volcanique de Socorro, au large du Mexique, que la PADI recommande tout particulièrement leur observation. Ici, aux abords de la plus grande des îles Revillagigedo, les grands dauphins sont visibles de novembre jusqu’à mai, mais c’est entre les mois de janvier et mars qu’ils sont les plus nombreux. Évoluant généralement en petits groupes de 2 à 6 individus, ils font le bonheur des voyageurs qui les croisent, émerveillés par les acrobaties de ces mammifères d’une grande intelligence, réputés pour être des nageurs virtuoses et d’excellents plongeurs, capables de descendre à plus de 200 mètres et de rester une quinzaine de minutes en apnée. Mais les grands dauphins ne sont pas les seuls à évoluer par ici, dans cette région surnommée « les Galapagos mexicaines », où ils cohabitent notamment avec d’autres géants de l’océan tels que les baleines à bosse.

Bahia de Banderas, au Mexique, site de reproduction des baleines à bosse

Entourée par les montagnes de Sierra Madre del Sur, Bahia de Banderas n’est pas seulement la troisième plus grande baie du Mexique : c’est aussi un habitat naturel idéal pour différents mammifères marins, dont les baleines à bosse. C’est en effet dans ces eaux tropicales que 500 d’entre elles viennent s’accoupler et se reproduire entre novembre et avril. Leurs dimensions impressionnantes − ces gigantesques cétacés peuvent mesurer jusqu’à 14 mètres de long et peser près 25 tonnes – permettent de les voir depuis le rivage, en train de percer la surface de l’océan, mais l’expérience la plus inoubliable consiste à embarquer à bord d’un bateau, idéalement aux côtés d’un biologiste marin incollable sur ces mammifères, pour s’en approcher et assister à leur ballet nuptial. La présence d’un spécialiste est l’occasion d’en savoir plus sur les baleines à bosse et leurs habitudes de vie. Saviez-vous, par exemple, qu’elles peuvent parcourir jusqu’à 10 000 km par an dans le cadre de leur migration, et que leurs chants, produits grâce à leurs valves et leur évent, sont parmi les plus complexes du monde animal ?

Dans les eaux de Socorro

Au large des pays caribéens, une très grande variété de cétacés

Tout au long de l’année, la région des Caraïbes est fréquentée par une impressionnante diversité de cétacés. À 90 km au nord de la République Dominicaine, par exemple, le banc submergé de Silver Bank, dans l’océan Atlantique, attire chaque année 5 à 7 000 baleines à bosse qui viennent mettre bas dans la zone ou s’y reproduire. Silver Bank est l’un des rares endroits au monde où l’on peut pratiquer le snorkeling auprès d’elles, explique la PADI, l’association professionnelle des instructeurs de plongée, sur son blog. Mais il est également possible de les approcher depuis un bateau, du petit zodiac au voilier de croisière… Plus près des côtes, la Baie de Samaná accueille elle aussi des baleines à bosse par milliers de janvier à mars, lorsque celles-ci s’éloignent du froid de l’Atlantique nord pour venir hiverner et faire naître leurs baleineaux dans les eaux plus chaudes de ce sanctuaire marin, où l’observation de ces cétacés n’est possible qu’à bord de bateaux agréés par les autorités gouvernementales. À un millier de kilomètres de là, entre Martinique et Guadeloupe, l’île de la Dominique voit passer sur ses côtes de nombreux cétacés d’espèces différentes. Entre novembre et mars défilent ainsi baleines tachetées, rorquals, orques, cachalots… Enfin, au nord des îles Bimini, dans les Bahamas, le rêve de nager avec les dauphins tachetés devient réalité. Ces cétacés profitent toute l’année des eaux chaudes, claires et peu profondes, mais Le Figaro, qui classe l’endroit parmi les 7 plus beaux spots du monde pour plonger ou nager avec les dauphins conseille de privilégier la période qui va d’avril à fin octobre.

Orques en pleine chasse, Péninsule Valdès

Aux îles Galápagos, les dauphins sont chez eux toute l’année

Dans l’archipel équatorien des Galápagos, qui constitue l’un des plus précieux écrins de biodiversité de la planète, près de 3 000 espèces d’animaux marins ont été recensées. Parmi elles, les cétacés sont bien représentés, au point de faire des Galápagos un site de référence pour côtoyer les dauphins. Grands dauphins et dauphins communs sont même des résidents permanents des lieux ! D’autres espèces ne sont que de passage, à l’image des dauphins à long bec qui apprécient tout particulièrement l’île Fernandina, l’une des plus sauvages et préservées de l’archipel, pour leur migration. Ce dernier accueille également des dauphins de Risso et des dauphins tachetés, qu’il n’est pas rare d’apercevoir depuis les bateaux de croisière aux côtés des baleines ou des requins, parmi bien d’autres animaux marins habitués de cette partie du globe.

Au large de la Basse-Californie, un concentré de cétacés !

Pour qui aime les mammifères marins, cet État mexicain et la péninsule qui porte son nom sont une autre destination d’exception. L’île Socorro, par exemple, à environ 400 kilomètres au large, n’est pas seulement appréciée des baleines à bosse : elle promet également des rencontres fréquentes avec les dauphins en janvier, février et mars. Le Golfe de Californie, autrement appelé Mer de Cortez, a aussi les faveurs des baleines à bosse, qui viennent y mettre bas entre décembre et avril. Sur la même saison, la Basse-Californie voit également les baleines grises et bleues débarquer sur ses côtes pour leur migration. Pour les plongeurs curieux et les observateurs prudents, le début de l’année offre donc une occasion rare d’observer dans une même zone, notamment vers les baies isolées aux eaux peu profondes de la Bahia Magdalena, la Laguna San Ignacio et la Laguna Ojo de Liebre, plusieurs espèces de baleines en quelques jours, voire au cours d’une même sortie ! Enfin, des voyageurs racontent avoir nagé à proximité d’orques sauvages au large de la Basse-Californie. Certains clubs nautiques mettent en effet leurs bateaux à disposition pour partir à leur rencontre depuis La Ventana, quand leur présence est signalée à proximité. Si rien n’empêche les plus téméraires de se jeter à l’eau, le plus raisonnable consiste néanmoins à admirer ces super prédateurs avec de la distance. D’autant que le recul permettra d’en apprécier pleinement toute la mesure, puisque les orques peuvent faire jusqu’à 8 m de long !

Orques, photo d’illustration

Pour conclure, rappelons que si les cétacés fascinent l’homme, ce dernier reste leur plus grand prédateur. Les recommandations émises en 2023 par National Geographic, quant aux bonnes pratiques pour observer les baleines sans les mettre en danger, trouveront donc toute leur place ici. Et méritent d’être déclinées pour toutes les espèces de cétacés, dont beaucoup sont aujourd’hui menacées… Car si l’on rêve de rencontrer ces géants des mers et que l’on a la chance de le faire à l’occasion d’un voyage en Amérique latine ou dans les Caraïbes, il convient toujours de les approcher avec respect, distance et discrétion !