« Dans les Andes péruviennes, à 5 050 m d’altitude, se trouve un petit lac de quatre-vingt mètres de diamètre… on ne saurait imaginer décor plus solitaire, berceau plus modeste pour le fleuve le plus puissant du monde qui draine des eaux des quatre dixièmes de l’Amérique du Sud ». Jean Dorst
Parmi les nombreux fleuves qui sillonnent l’Amérique Latine, cinq d’entre font partie des plus grands fleuves du monde. L’Amazone, est le premier, par sa longueur, 6 992 km, par son débit, et par l’étendue de son bassin, puis le Rio Parana, 4 099 km, frontière naturelle entre le Paraguay et l’Argentine ; l’Orénoque 2140 km, se jette dans l’Atlantique, par le plus vaste delta du monde ; le Rio Sao Francisco, long de 3160 km, est aujourd’hui au centre de débats économiques et écologique pour un détournement d’une partie de son cours vers des régions arides ; Le fleuve Uruguay, 1 580km, gardien de deux frontières, celle entre le Brésil et l’Uruguay et celle entre l’Argentine et l‘Uruguay. Dans cette première partie, nous parlons de ces cinq principaux fleuves, pour poursuivre ultérieurement avec les autres fleuves du continent, qui ont aussi leur histoire
L’Amazone
L’Amazone prend sa source au Pérou, près du Pacifique ; ce n’est encore qu’un torrent qui traverse lacs et montagnes, dévale les pentes de la cordillère. Le Marañon et l’Ucayali sont ses branches mères. Dans sa course, il reçoit plus de cinq cents affluents, certains sont parmi les plus grands fleuves d’Amérique du Sud, avec plus de 2 000 km de long, dont le río Negro, 2250 km, le Madeira, 3 350km, le Tapajos, 3 000km. Il débouche dans le Bassin amazonien, l’un des plus grands du monde, parmi une végétation luxuriante inégalée et finit sa course dans l’Atlantique. L’Amazone est aussi le plus grand fleuve par l’immensité de son bassin, il draine une surface de 6 112 000 km² soit 40 % de l’Amérique du Sud. La largeur de l’Amazone est, à certains endroits, de 6 à 10 km d’une rive à l’autre, et peut atteindre 40 km. Le fleuve traverse le Pérou, la Colombie et le Brésil, il est facilement navigable, même pour des paquebots de croisières maritimes, certains d’entre eux remontent jusqu’à Manaus..
Le Portugais, Francisco de Orellana, ami de Pizarro, l’a exploré dans sa totalité. Parti de Quito, il atteignit le Rio Napo puis le Marañon, jusqu’à son embouchure sur l’Atlantique. En route il fut attaqué par des femmes guerrières, se souvenant de l’Antiquité, il les appela les Amazones et le nom est resté au plus puissant fleuve du monde.
Le Río Parana
Le Río Parana, compte parmi l’un des plus grands fleuves du monde, par son débit et la taille de son bassin, 2 58 672 km2, partagé par l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, l’Uruguay et le Paraguay. Il descend des hauts plateaux brésiliens et se dirige vers l’Argentine, il est formé de deux puissantes rivières, le Rio Paranaíba et le Rio Grande au Brésil. Il constitue le troisième réseau hydrographique du monde, après ceux de l’Amazone et du Mississippi.
Long de 4 099 km, il impressionne par son impétuosité et par sa largeur au Paraguay. Les énormes cascades qui rivalisaient avec celles d’Iguaçu, ont été englouties avec la construction du fameux barrage artificiel d’Itaipu.
Le barrage d’Itaipu, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, est la plus grande source de production hydroélectrique au monde depuis sa mise en service en 1984. Il a fallu plus de dix longues années de négociations entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine pour arriver à l’accord qui a permis sa construction et mobilisé 40 000 travailleurs, jour et nuit. Cet ouvrage a été qualifié comme l’une des sept merveilles du monde moderne, avec d’importantes conséquences sociales, déplacement des familles qui vivaient de l’agriculture locale, impact sur l’environnement qui aujourd’hui freinent l’avancement de nouveaux travaux très utiles au développement. L’Argentine est sous équipée en production hydroélectrique, mais les nouveaux projet, depuis une cinquantaine d’années, se heurtent à l’opinion publique, pour ses conséquences sur les impacts sociaux et environnementaux.Une grande partie du Paraná est navigable, il relie les villes continentales de l’Argentine et du Paraguay à l’Océan, il est jalonné de ports qui desservent les villes qui le bordent.
L’Orénoque
L’Orénoque appartient au Venezuela, il est le fleuve de tous les superlatifs. Long de 2 140 m, il prend sa source dans le plateau des Guyanes, près du Brésil, et se jette dans l‘Atlantique par le plus vaste delta au monde qui s’étend sur plus de 30 OOO km2. L’Orénoque est l’un des fleuves ayant le débit le plus important au monde après l’Amazone et le Congo, son bassin, d’environ un million de km², est partagé entre le Venezuela et la Colombie. Il couvre près des quatre cinquièmes du Venezuela et un quart de la Colombie, il traverse tantôt une forêt tropicale impénétrable ou une vaste région de savane, de plaines, les « llanos », ces plaines sont alluviales, recouvertes de grandes étendues de graminées.
La majeure partie du bassin de l’Orénoque bénéficie d’un climat tropical ; c’est une zone importante pour l’économie du Venezuela, car elle contient des sables bitumineux exploités par les compagnies pétrolières ; c’est aussi un grand centre d’élevage de bovins. Les Venézuéliens utilisent souvent des moteurs hors-bord pour se déplacer sur les voies navigables de l’Orénoque et de ses affluents, comme étant l’un des meilleurs moyens de communication, surtout dans les profondeurs du pays.
La richesse de la faune de l’Orénoque est considérable, dans cet entrelac de rios, de jungle et de mangroves, où cohabitent en famille des milliers d’oiseaux, de tortues, de singes et de papillons. On y recense environ 300 espèces de mammifères, jaguar, tapirs, fourmiliers, tatous, 1 300 espèces d’oiseaux, dont de nombreuses espèces de perroquets, aras, toucans et des colibris, 500 espèces de grenouilles, 250 espèces de reptiles, caïmans, des anacondas, 1 000 espèces marines, piranha, poisson-chien, anguille électrique. Les plantes sont aussi très intéressantes. Le grand fleuve, grossi par ses affluents dont le Meta, s’écoule avec lenteur et majesté parmi, des savanes à perte de vue qui succèdent à des paysages grandioses, au cœur d’une nature exubérante.
Le rio São Francisco
Le rio São Francisco est le troisième en importance de l’Amérique du sud, il s’écoule entièrement sur le territoire brésilien, sur une partie de son cours, il creuse des gorges profondes dans les plateaux brésiliens. Il naît dans le sud de l’État du Minas Gerais, à quelques 1200m d’altitude. D’une longueur de 3160 km, il traverse plusieurs Etats et finit sa course dans l’Atlantique. La superficie de son bassin est de 641 000 km². Depuis la période coloniale il est la principale voie de communication entre le Nord-Est et le centre du Brésil ; il a été baptisé « Fleuve de l’unité nationale » car il constitue le trait d’union entre les États industrialisés du sud et les Etats agricoles du nord-est.
La vallée du São Francisco est l’une des rares zones fertiles de tout le Nordeste. Mais, des sécheresses récurrentes et désastreuses affectent le nord-est du pays. Afin d’y remédier, il existe un projet qui date du XIXe depuis le règne de l’Empereur Dom Pedro, qui consiste à distribuer une partie de l’eau du rio São Francisco vers des cours d’eau intermittents, en fait de dévier une partie du cours vers des canaux principaux. Ce vaste chantier est sans cesse reporté, il requière outre un financement international très coûteux, la construction de canaux, barrages, galeries, avec l’obligation de noyer des sites, de déplacer des population, et se heurte à une très forte opposition ; atteinte à la biodiversité, modification de l’écosystème, accès à l’eau pour les petits agriculteurs dans la région semi aride du Sertão, où elle est leur seule ressource. Le fleuve sert à transporter principalement des marchandises, ciment, sel, sucre, riz, soja, des produits manufacturés divers, le bois et surtout le gypse, mais aussi dans les parties le plus navigables, des touristes sur des embarcations spécialement conçues à cet effet. Au Nordeste, le littoral abrite de nombreuses villes, dont Recife et Fortaleza, c’est aussi là où se trouvent les plus jolies plages du Brésil, plages de rêve qui comptent parmi les plus belles et les plus sauvages du pays. Le soleil y est présent toute l’année, pour le plus grand plaisir des habitants et bien entendu des touristes.
Le fleuve Uruguay
Le fleuve Uruguay tiendrait son nom du mot Uruguay’y, par lequel les Guaranis, habitants de la région, désignaient ce grand fleuve, mot qui signifiait d’après les premiers colons « rivière des oiseaux peints », expression reprise par le poète San Martin ; le nom Uru est aussi celui de l’oiseau Urú qui vit sur les rives du fleuve.
Le rio Uruguay est long de 1 838 km, entouré d’un bassin de 370 000 km2 ; il prend sa source au Brésil à 1 800m d’altitude. À sa rencontre en territoire uruguayen avec le río Cuareim, il sert de frontière entre le Brésil et l’Argentine, puis entre l ’Argentine et l’Uruguay, mais sa plus grande fierté est d’avoir donné son nom au pays qui abrite la capitale, Montevideo, avec l’une des plus importantes rades des Amériques, qui s’ouvre sur le Rio de la Plata.
Le fleuve est rapide en ses débuts. De grands bateaux remontent jusqu’à Concepción del Uruguay, en Argentine et jusqu’à Paysandú sur la rive uruguayenne. La construction d’un barrage, propriété à la fois de l’Argentine et de l’Uruguay, fournit de l’énergie hydro-électrique aux deux pays. De leur côté les Uruguayens ont installé, de leur propre chef, une usine de pâte à papier, accusée de pollution par les Argentins, ce qui donne lieu à de nombreuses polémiques entre les deux pays.
Le fleuve Uruguay se déverse, en compagnie des rios Paraguay et Parana, dans l’immense Rio de la Plata. Par leur embouchure commune, huit cent mille mètres cubes d’eau s’écoulent chaque seconde, ce qui fait du Río de la Plata, par son débit, l’un des plus importants fleuves du monde, derrière l’Amazone. Sa largeur augmente d’Ouest en Est : au confluent du Parana et de l’Uruguay, elle est de 30km, mais elle atteint 101km à Montevideo et 225km à l’embouchure.
Le Río de la Plata marque la frontière entre l’Argentine et l’Uruguay, il arrose deux capitales, Buenos Aires et Montevideo, qui sont en même temps deux port importants ; il présente aussi un véritable intérêt pour les naturalistes, point de rencontre entre les eaux douces amenées par les fleuves tropicaux et les eaux salées tempérées, plutôt froides.