Sur la route des vins en Amérique latine

 

Et si nous partions sur la route ? La route des montagnes, la route des déserts, la route des bords de mer, des étendues à perte de vue, la route des grandes plaines ensoleillées. En cela, l’Amérique latine offre un cadre exceptionnel et sans commune mesure. Parce que c’est toujours le meilleur moyen de voir du pays, de s’arrêter au gré de ses envies, de rencontrer les locaux, de se perdre sur le chemin et dans ses pensées, la route a toujours été privilégiée par les grands voyageurs.
Alors, partons ! Mais pas sur n’importe quelle route. Celle que nous vous proposons d’emprunter, c’est la route des vins !
Après un rapide retour sur l’histoire des vignobles en Amérique latine, nous ferons un tour d’horizon des étapes-clés de cette route latino-américaine, un périple ensoleillé et enivrant… Des cépages les plus récents du continent au Brésil et en Uruguay, aux incontournables vignobles d’Argentine et du Chili.

Quelques mots d’histoire

Dans ce domaine comme dans d’autres, l’Amérique du Sud fait figure de doyenne puisque la production de vin y est attestée depuis les années 1530. Introduite par les colons espagnols, d’abord pour les besoins du culte, la viticulture est devenue activité florissante dès le XVIIIème siècle. Jusqu’à devenir un secteur majeur de l’économie, notamment en Argentine et au Chili, que l’on trouve respectivement à la 6ème et la 9ème place au classement mondial des pays producteurs (en volume d’hectolitres).
Le climat du continent est particulièrement favorable au développement de la viticulture. Le microclimat diversifié présent en Amérique est idéal pour la production de vin. En ce qui concerne l’Argentine et le Chili, l’irrigation artificielle est rarement nécessaire puisque le sol est naturellement irrigué grâce au ruissellement de la neige provenant des Andes.

 

Brésil, de jeunes vignobles au succès grandissant

À deux heures de route de Porto Alegre (capitale de l’état du Rio Grande do Sul), se trouve Bento Gonçalves, ville de référence de l’œnotourisme et capitale du vignoble brésilien. Une ville de 100 000 habitants avec des maisons aux murs de basalte, des vallées vertes comme la Bavière, des pluies aussi abondantes qu’au Pays basque et des vignes conduites en espaliers sur presque tous les coteaux. Sublime. Ici, au cœur de la chaine montagneuse de la Serra Gaucha (qui produit 90% du vin brésilien), des propriétés familiales travaillent des surfaces moyennes ; bien loin des immenses exploitations chiliennes ou argentines.
C’est aussi la région par excellence pour les vins effervescents brésiliens, en plein essor. Le prestigieux groupe LVMH s’est installé dans la ville de Garibaldi et y produit le Chandon do Brasil.
Plus au Sud, se trouve une région plus sèche, moins rude l’hiver et aux terres ô combien prometteuses : la région de la Campanha, le long de la frontière uruguayenne, qui produit des vins d’une très grande qualité à base de merlot, de cabernet sauvignon, de tannât et de chardonnay. Les collines et les vastes plaines de la pampa brésilienne font de ces terres un magnifique havre de paix…

 

Uruguay… Prêt pour les bodegas ?

Nous voici en Uruguay. Un pays discret dont la surface équivaut au tiers de la France et où la vigne couvre environ 10 000 hectares. Près de 300 exploitations (ou bodegas) s’étalent le long du rio Uruguay, qui marque la frontière avec l’Argentine. Depuis la frontière brésilienne au Nord, jusqu’aux rives du rio de la Plata (dans la région de Montevideo) où se situe le cœur de la production uruguayenne, c’est presque au fil de l’eau que se poursuit cette route des vins.
Les bodegas d’Uruguay peuvent être immenses, réparties sur plusieurs vignobles et dans différentes régions. Ceci dit, les bodegas ont su rester sur une échelle de travail très familiale : pas de vendanges mécaniques, pas d’immenses cuves de fermentation et d’industrialisation du vin à outrance. Les caves surprennent par leur calme et leur atmosphère paisible. Les domaines sont magnifiques, les abords parfaitement entretenus, l’accueil exemplaire par sa gentillesse et sa convivialité, les vins très agréables et qualitatifs, en particulier grâce au tannât, cépage du sud-ouest de la France, bien acclimaté aux conditions locales et devenu le cépage emblématique du pays.

 

 

Argentine, le pays des superlatifs concernant les vins d’Amérique latine

De Montevideo, la capitale argentine est toute proche. Mais Buenos Aires n’est qu’une escale de passage. La prochaine véritable étape de la route des vins argentins se situe à 1 000 kilomètres de là, à Mendoza, premier centre viticole d’Argentine et classée parmi les huit capitales mondiales du vin selon le Great Wine Capitals Global Network. Situé entre 800 et 1 200 mètres d’altitude, le vignoble s’étend majestueusement face à la Cordillère des Andes. Les routes, bordées de peupliers et de sycomores, traversent des vallées fertiles et des hautes plaines, découvrant d’extraordinaires panoramas quasiment à chaque virage. Splendide. Cette altitude permet de compenser le climat chaud et sec de cette province.
Mais il y a encore plus haut ! Plus au nord, dans la province de Salta, le vignoble de la vallée de Cafayate et des Valles Calchaquíes a pour particularité d’être le plus haut du monde, échelonné entre 1 700 et 2 200 mètres, dans une zone essentiellement désertique. On est bien loin de la pampa brésilienne ! Dans ces vallées très élevées, le climat, la faible humidité, la grande amplitude thermique et la rareté des insectes et des champignons permettent d’obtenir des vins de haute qualité biologique et contribuent à donner à l’Argentine son premier rang de producteur sud-américain.

 

 

Chili, un emplacement unique au pied des Andes, face au Pacifique

En traversant la Cordillère des Andes, nous nous rendons au Chili, second au classement des producteurs sud-américains, et dernière halte sur notre route des vins.
Alors que les vignobles argentins poussent à l’abri des Andes, ceux du Chili sont exposés au climat en provenance du Pacifique. Une particularité qui confère à ces deux grands producteurs des caractéristiques œnologiques très différentes. Côté chilien, ces terres viticoles sont irriguées par de nombreux cours d’eau, qui descendent des montagnes. Au-delà de la beauté de cet environnement magnifique, cette situation géographique est particulièrement propice à la maturation de grands vins.
Dans ce pays qui s’étire sur plus de 4 300 kilomètres du Nord au Sud, la production des vins se concentre pour l’essentiel dans la vallée centrale, un rectangle de 1 000 km de long et de 150 km de large, principalement au sud de la capitale. Depuis Santiago, il est facile de rejoindre la principale et la plus ancienne région de culture, la vallée de Maipo, qui se trouve véritablement à la sortie Sud de la capitale. Surnommé « le Bordeaux d’Amérique du Sud », le Maipo est incomparable au Chili dans sa production de vins rouges prestigieux. Si vous en avez l’opportunité, faites un arrêt pour découvrir les deux plus anciens et plus importants producteurs de vin du Chili : Concha y Toro et la Viña Santa Rita. La qualité de leurs vins, la beauté de leurs terres, l’histoire de ces bodegas et leurs haciendas valent bien le détour… et une dégustation !

En descendant progressivement vers le Sud, se trouve une succession de vallées toutes plus magnifiques les unes que les autres, avec des climats caractérisés par une forte amplitude de température, propice aux vins intenses, et des exploitations dont la haute technologie est devenue une condition sine qua non à leur réussite. Celle-ci permet en effet de produire des vins d’excellente qualité à destination des marchés étrangers. Car si le pays se classe 6ème producteur mondial, il n’est que le 28ème consommateur en volume par habitant. Ceci dit, même si les équipements sont souvent du dernier cri, le Chili ne perd pas son authenticité.

Des petites bodegas aux grandes exploitations de renom international, de la pampa brésilienne, aux grandes altitudes argentines, en passant par les rives des fleuves uruguayens et de l’océan Pacifique, ces quatre pays les plus emblématiques dans le domaine de la viticulture sont une sublime façon de (re)découvrir la beauté, l’immensité, la ruralité et le contraste de ce continent.