Le cinéma Latino-Américain

Depuis une dizaine d’années, le cinéma latino-américain s’est fait une place en France : l’époque où les films espagnols et portugais étaient les seuls films Latino à tenir l’affiche est révolue.
Le Nouveau Latina, rue du Temple à Paris, les Festivals de Biarritz et de Toulouse ont tout particulièrement contribué à la diffusion en France des films latino-américains. Ils récoltent aujourd’hui les fruits de leurs efforts y compris sur le terrain de la production : la création par le Festival de Toulouse d’un prix pour stimuler la production a permis l’émergence de nouveaux talents, et de nombreux réalisateurs latino-américains sont apparus sur la scène internationale. Plusieurs d’entre eux ont été sélectionnés dans les festivals internationaux, comme à Cannes : le Mexicain Carlos Reigadas et l’Argentin Pablo Trapero figurent régulièrement, non seulement dans les sélections officielles, mais aussi dans les palmarès.
La vitalité du cinéma latino-américain en France ne faiblit pas, les salles d’Art et Essais sont actives et le Festival du Cinéma Péruvien à Paris en est à sa septième édition : elle aura lieu du 03 au 09 Avril prochain au Cinéma Action Christine www.peroupacha.com. Ce Festival est organisé par une péruvienne passionnée, Jovita Maeder, également réalisatrice de films documentaires. Voir le programme

Parlons aussi du succès des films Uruguayens (Whisky en 2004 et La Demora en 2012), de l’accueil réservé aux films mexicains (Ici et là-bas, La Playa primé au Festival de Cannes 2012, et la participation à ce même festival de L’Eléphant Blanc de Pablo Trapero et de Pox Tenebras Lux, de Carlos Reigadas. Dans ce courant novateur, citons le long métrage colombien Anina et le documentaire Miradas Múltiples, du mexicain Emilio Maye, sur la vie du grand photographe Gabriel Figueroa. Pour couronner cet essor du cinéma latino- américain, le film chilien NO, actuellement sur les écrans, vient d`être nommé aux Oscars 2013 de Hollywood et a reçu le prix Corail au Festival de La Havane.

Dans tous les cas, le cinéma d’Amérique Latine fait preuve d’une grande force narrative et dramatique.

PETITE HISTOIRE DU CINEMA LATINO-AMERICAIN

Le cinéma latino-américain est aussi ancien que celui d’Hollywood. Il a connu ses heures de gloire, au Brésil entre 1908 et 1912 à « la bela época ». Les premières projections de films muets hollywoodiens débutent à Rio de Janeiro en 1896 et se poursuivent dans les capitales d’Amérique Latine. Dans les années 1910, d’importants courts métrages voient le jour au Mexique, pendant la révolution.
Dans les années trente, l’arrivée au Mexique du cinéaste soviétique Eisenstein, réalisateur vers 1910 du fameux film « Potemkine », aura une grande influence sur le cinéma mexicain : il y fondera d’ailleurs une école. Fasciné par l’exotisme du pays, plaçant l’esthétisme au cœur de sa représentation, c’est un ami des peintres muralistes Orozco, Siqueiros et Rivera, époux de Frida Khalo. Il parcourt le pays et filme alors les plans qui devaient être la base d’un grand film sur le Mexique contemporain, « Que Viva México », de la révolution de 1910 jusqu’en 1930. Avant que le tournage ne soit terminé, Sinclair, le milliardaire qui finançait le projet, lui coupe les vivres. Eisenstein et son équipe avait déjà enregistré 70.000 mètres de pellicule ! Rentré à Moscou, il ne recevra jamais les bobines promises par Sinclair. Trente ans après l’URSS récupèrera des bandes, mais le film présenté sera incomplet.
A partir de 1910 interviennent de nombreux évènements extérieurs qui mettront un frein à ce développement prometteur : l’apparition du son dans les films qui nécessite de gros capitaux, la concurrence des studios hollywoodiens et l’arrivée de la Première Guerre mondiale. A cette date Léon Gaumont commence l’exploitation du cinéma sonore : l’histoire retiendra 1927 comme point de départ du cinéma parlant.
Les années 40 sont celles du développement d’œuvres argentines, brésiliennes et majoritairement mexicaines, avec l’acteur comique Cantinflas, comparé à Charlie Chaplin, mais aussi avec Dolores del Rio, Jorge Negret et la célèbre Maria Féliz. Mais, seul le film El Indio, d’Emilio Fernandez, figure emblématique du cinéma mexicain, atteindra une projection internationale et représentera le Mexique au premier Festival de Cannes en 1946.
L’Espagnol Luis Buñuel, ami des Surréalistes, fera un passage très remarqué au Mexique avec Los Olvidados et remportera le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1951 ce qui le projetera au premier plan de la scène internationale. Ses meilleurs films mexicains, Tourments , La vie criminelle d’Archibald de la Cruz et Nazarin (1958), marqueront l’apogée de sa grande période mexicaine.

Cinéma Argentin

Le cinéma argentin est l’un des plus prolifiques d’Amérique Latine. Le réalisateur Fernando Pino Solanas est une figure de l’engagement politique et constitue une mémoire historique. La thématique de la dictature et des disparus, la voix révolutionnaire de Glamber Recha, l’époque du Péronisme ou de l’exil sont des thèmes récurrents : La hora de los hornos, 1968, Tangos, El exilio de Gardel, 1985 sont des films marquants. En 2009, sort sur nos écrans le film El Secreto de sus Ojos, Oscar du Meilleur Film en Langue Etrangère en 2010, de Juan José Campanella. Parmi les acteurs, nous retrouvons Ricardo Darin, figure emblématique du cinéma argentin, ainsi que Soledad Villamil, et Guillermo Francella.La Quatorzième Edition du cinéma argentin aura lieu à Paris du 21 au 31 Mai 2013 www.lasudestadaparis.com

Cinéma Brésilien

Reflet de la société brésilienne, de ses cultures et de ses complexités, le Cinéma Brésilien a vécu des hauts et des bas depuis ses premières projections : celles-ci remontent à 1896 avec un appareil appelé l’omniografo, vite remplacé par le procédé des frères Lumière à Rio, São Paulo, Curitiba et Salvador.
De ses comédies populaires costumées appelées « Chanchandas » à l’échec de son industrialisation dans les années 40, du Cinéma Novo des années 50 au renouveau des années 90, le Cinéma Brésilien s’expose désormais sur la certaine internationale.
Pour bien comprendre ce cinéma, nous vous recommandons quelques films clés :

 Limiteon, 1931 de Mario Peixota

 Une Nuit à Rio, 1941 d’Irvin Cummings

 Orfeu Negro, 1959 de Marcel Camus, Palme d’Or du festival de Cannes la même année

 Sécheresse, 1963 de Nelson Pereira Dos Santos

 Terre en Transe, 1967 de Glauber Rocha

 Central Do Brasil, 1998 de Walter Salles à qui nous devrons aussi Carnet de Voyages (2003), une découverte incongrue de l’Amérique Latine à moto en compagnie du jeune Che Guevara

 La Cité de Dieu, 2002 de Mereilles et Lund, classé parmi les 100 meilleurs films au monde selon le magazine américain Times
Sachez enfin qu’un Festival du Film Brésilien est organisé chaque année à Paris : sa 15ème édition aura lieu du 16 au 23 Avril et sera consacrée au célèbre réalisateur Carlos Diegues. www.festivaldecinemabresilienparis.com
Et le Cinéma Latino-Américain est bien vivant aussi en Colombie, à Cuba, en Equateur, en Uruguay et au Venezuela !

Cinéma Chilien

Dans les années 80, le Chili est dirigé par la Général Pinochet et le cinéma est en crise. 3 réalisateurs ont fait connaître un cinéma d’exil :

 Patricio Guzman avec Le cas Pinochet en2001 et La nostalgie de la lumière en 2011,

 Miguel Littin avec El chacal de Nahueltoro en 1968

 Raul Ruiz, décédé en 2011, dont la plupart des films ont été projetés en France. Avec Trois tristes tigres en 1968, il fait jouer de nombreuses actrices françaises, dont Catherine Deneuve.
Avec l’arrivée de la démocratie, le Cinéma Chilien renait et arrive à se faire connaître hors de ses frontières, notamment grâce à Andres Wood et Mon ami Machuca en 2009. Le cinéma chilien atteint même une reconnaissance mondiale. Deux films chiliens remportent le Prix du Jury du Cinéma Mondial dans la catégorie Meilleur Film Dramatique du Festival de Cinéma de Sundance : La nana de Sebastian Silva en 2009 et Violeta se fue a los cielo d’Andrés Wood en2012. Plus récemment le film N0, 2012 est devenu le premier film nominé aux Oscars d’Hollywood dans la catégorie Meilleur Film Etranger en janvier 2013.

Cinéma Mexicain

Le Nouveau Cinéma Mexicain , naît dans les années 90. Il aborde les thèmes de la violence urbaine, de la vie quotidienne, avec un réalisme magique, évoqué dans Como agua para Chocolate d’Alfonso Arau, 1992, ou encore avec des thèmes comme la corruption : La ley de Herodes de Luis Estrada, 1999. Le cinéma mexicain contemporain connaît aujourd’hui une ouverture sur la scène internationale depuis les années 2000, gage d’une renaissance de la créativité artistique et d’un engagement financier auprès de jeunes cinéastes. Amours chiennes, 2000, d’Alejandro Iñarritu Gonzales et Batallas en el cielo , 2005, du jeune cinéaste Carlos Raygadas, sont invités au Festival de Cannes. Plus récemment, Michel Franco apparaît comme le précurseur d’une nouvelle génération des jeunes cinéastes avec Despues de Lucia, 2012.
Pour en savoir plus : L’Institut Culturel Mexicain est situé 119 Rue Vieille du Temple – 75003 Paris http://mexiqueculture.org/

Cinéma Péruvien

Le Pérou dans les années 80, fait face au terrorisme : le Sentier Lumineux participe à un conflit civil armé qui fera des milliers de morts. Apparaît alors un cinéma de crise dont l’unique symbole est Francisco Lombardi. Il adapte le célebre roman de Mario Vargas Llosa, La ciudad y los perros, 1985; il réalise Maruja en el infierno en 1983, La boca del lobo en1988 et Caidos del cielo en 1990.
Avec l’arrivée du nouveau millénaire, le Cinéma Péruvien se veut plus léger, notamment avec l’arrivée de nouveaux réalisateurs comme Josué Méndez (Dias de Santiago en 2004 et Dioses en 2008) et Fabrizio Aguilar (Paloma de Papel en 2005) sans oublier Judith Velez avec La prueba en 2007.
De même, le Cinéma Péruvien commence depuis peu a être récompensé. En 2009, Fausta-La Teta asustada de la réalisatrice Claudia Llosa remporte l’Ours d’Or du meilleur film à Berlin. En 2010 Octubre de Daniel et Diego Vega reçoit le Prix du Jury au Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard. Plus de 20 films péruviens seront en vitrine dans le cadre du 7ème Festival de cinéma péruvien www.peroupacha.com