Écotourisme : quand l’Amérique latine montre l’exemple

Le Costa Rica, un « paradis vert » pionnier de l’écotourisme mondial

« Le Costa Rica a adopté le développement durable bien avant qu’il ne soit en vogue », écrivait Costas Christ en avril 2016 dans un article du National Geographic intitulé «Nine Destinations You Should Feel Good About Visiting ». Pour ce spécialiste du voyage responsable, le pays demeure « l’icône mondiale du tourisme vert ». Le Costa Rica abrite en effet, sur seulement 51 000 km², 6 % de la biodiversité mondiale. Afin de sauvegarder ce trésor inestimable, et fort d’une longue tradition de préservation de la nature, il s’est engagé dès les années 1980 dans une approche environnementale et durable du tourisme. Plus tôt, il avait déjà fait le choix d’enrayer le déboisement pour créer son premier parc national en 1971. Il en compte aujourd’hui 27.

Unanimement reconnu comme un pionner de l’écotourisme, le Costa Rica a depuis classé plus de 25 % de son territoire en zones protégées, qu’il s’agisse de parcs ou de réserves. Le pays a également vu naitre les tout premiers écolodges de la planète il y a une trentaine d’années. Le biologiste américain Amos Bien a ainsi créé, en 1983, un hébergement respectueux de son environnement au cœur de la forêt tropicale du parc national de Braulio Carrillo. Les revenus générés servent depuis à préserver l’écosystème environnant. La mère de Glenn Jampol, actuel président de la chambre de l’Écotourisme au Costa Rica, a quant à elle bâti son lodge et sa plantation de café bio en 1987 à Santa Bárbara de Heredia, tout en menant auprès des habitants un projet éducatif sur le recyclage et l’environnement.

Ces hébergements responsables, c’est-à-dire respectueux de l’environnement dans lequel ils sont implantés, répondent aux grands principes du tourisme durable : la préservation des ressources naturelles, mais aussi le bien-être de la population locale, intégrée dans les projets et bénéficiaire des retombées qu’ils génèrent. En la matière, le Costa Rica fait définitivement figure de référence. Preuve s’il en fallait que ce petit pays d’Amérique Centrale a fait de l’écologie une priorité : il est le premier du monde à avoir instauré une cour de justice dédiée à l’environnement, sorte de « tribunal vert » chargé de statuer sur les projets susceptibles de porter atteinte à la nature. Un exemple, parmi de nombreux autres, des innovations environnementales à mettre à son crédit.

Au Mexique et en Colombie, des sites conseillés aux « geotravelers »

Concerné depuis de longues années par les questions écologiques, le National Geographic propose, sur l’édition américaine de son site internet, un véritable guide du « géotouriste » qui aide ses lecteurs à voyager de manière responsable. Le célèbre magazine, qui insiste tout particulièrement sur la nécessité de voir les revenus touristiques profiter directement aux populations locales, a même créé un site dédié au tourisme durable qui délivre aux voyageurs et aux acteurs du tourisme des conseils et des informations pratiques. On y trouve de nombreuses ressources, parmi lesquelles des cartes, mais aussi les résultats de l’étude mondiale annuelle du magazine qui récompense les destinations touristiques les plus vertueuses. L’Amérique latine y est bien entendu représentée.

La côte caribéenne de la Colombie figure sans surprise parmi les sites écotouristiques salués. Cette région compte certains des plus beaux parcs nationaux du pays, qui sont autant d’espaces protégés propices à la pratique d’un tourisme respectueux de l’environnement. Avec 10 % de la biodiversité mondiale, 55 parques nacionales naturales et des efforts notables pour préserver ses richesses naturelles, le pays est devenu une destination incontournable de l’écotourisme mondial. Particulièrement appréciées des amoureux de nature, les zones protégées de sa côte caribéenne abritent notamment des réserves de biosphère classées à l’Unesco, des aires protégées peuplées de centaines d’espèces d’oiseaux et des iles coralliennes qui mêlent récifs, mangroves et eaux translucides.

Également distinguées, la ville de Tequila et sa région, dans l’état mexicain de Jalisco, dont les paysages d’agaves bleues et les anciennes installations industrielles sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2006. Ce vaste site protégé, où l’on observe une grande variété d’écosystèmes, s’étend du pied du volcan Tequila jusqu’au canyon du Rio Grande. Le National Geographic s’est associé aux autorités locales pour faire de la région  la première destination géotouristique du pays et y développer un tourisme culturel, durable et intelligent, bénéfique pour la population locale. Outre les trésors naturels, ces différents acteurs peuvent compter sur une culture locale forte et très ancrée, mais aussi sur un riche patrimoine historique avec des sites archéologiques datant de la culture Teuchitlan.

Argentine, Belize et Équateur : quelques exemples d’initiatives écolo

Depuis 2012 en Argentine, le programme Hoteles Mas Verdes labélise les établissements hôteliers dont les pratiques responsables répondent aux enjeux du développement durable. Pour disposer de cette « éco-étiquette », les hôtels doivent se convertir aux bonnes pratiques en matière de gestion des énergies, de recyclage ou encore de produits d’entretien. Un concours, intitulé Concurso de Hotelería Sustentable, récompense même les meilleures initiatives et distingue chaque année plusieurs établissements dans différentes catégories. L’édition 2017 en propose trois : « hôtel responsable », « projet durable » et « idées innovantes ». De quoi inciter les hôteliers à mener des projets ambitieux pour l’environnement, et guider les visiteurs dans le choix d’une adresse impliquée dans ces questions.

Dès les années 1980, le gouvernement de Belize a saisi l’importance de préserver les richesses naturelles qui attirent les voyageurs, et donc de concilier écologie et tourisme dans le cadre d’une approche pérenne et respectueuse. En 2012, la BBC consacrait un article aux leçons du Belize en matière d’écotourisme et revenait sur plusieurs initiatives déterminantes menées dans le pays : quelques guesthouses construites en matériaux naturels par des villageois de Punta Gorda à la fin des années 1980, devenues depuis un véritable réseau d’écolodges, un sanctuaire pour les singes hurleurs créé à l’initiative de 12 propriétaires terriens, qui sont aujourd’hui 200, mais aussi des campagnes de sensibilisation menées par les autorités, contre l’exploitation forestière illégale, par exemple.

« Ce petit pays regorge de sites incontournables », peut-on lire à propos de l’Équateur dans l’édition 2015 du Guide de l’écotourisme du Petit Futé, qui cite notamment « le paramo de la Sierra, les réserves naturelles et protégées de l’Oriente, l’archipel des Galapagos ». La constitution équatorienne de 2008 a fait du pays le premier dans le monde à reconnaître les droits de la nature, en lui accordant le droit inaliénable d’être respectée, et restaurée en cas de préjudices. Pour la protéger, mais aussi préserver les communautés indigènes qui possèdent à elles seules près de 7 millions d’hectares de forêts, le pays s’est notamment impliqué dans l’inscription de 5 de ses sites au patrimoine mondial de l’Unesco depuis les années 1970 et la création de six parcs nationaux où faune, flore et vestiges historiques sont à l’abri.

Grâce à des initiatives tour à tour citoyennes ou gouvernementales, les pays d’Amérique latine sont parmi les plus impliqués dans l’émergence d’un tourisme alternatif, respectueux de la nature et des hommes. Mais l’écotourisme reste tributaire des voyageurs eux-mêmes, qui jouent un rôle majeur dans son développement et sa réussite. Il convient notamment de choisir des hébergements responsables, qui adoptent les principes de l’écotourisme dans leur construction et/ou leur fonctionnement. Une prochaine newsletter sur ce sujet présentera quelques uns des hôtels les plus écologiques du continent.