Du Panama et d’ailleurs : L’Amérique latine inspirante de Claudia Terrade

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Claudia TerradeAujourd’hui à la tête de Quimbaya, qui compte 16 agences implantées dans 11 pays différents, Claudia Terrade a tout trouvé en Amérique latine : sa voie professionnelle, l’amour, mais aussi une intarissable source d’émerveillement et de rencontres. Pour la COTAL, elle raconte son parcours atypique, parle de son métier et partage ses nombreux coups de cœur à travers le continent, entre pyramides aztèques, musées hors du commun et paradis naturels encore intacts.

 

 

Comment avez-vous découvert l’Amérique latine et pourquoi avoir choisi d’y consacrer vos activités ?

Je ne viens ni du tourisme ni du monde de l’entreprise. Ma vie professionnelle a démarré dans les hôpitaux parisiens, où j’étais infirmière en soins intensifs. Tout en travaillant à l’hôpital, j’ai fait une maîtrise à l’Institut des Hautes Etudes sur l’Amérique Latine – IHEAL – consacrée à tous les aspects des sociétés latinoaméricaines, depuis l’histoire précolombienne jusqu’au système économique de chacun des pays. Je suis d’origine colombienne, ce qui me lie étroitement à l’Amérique latine. J’ai toujours été très fière de parler de la Colombie au point qu’un jour, on m’a lancé une vanne que j’ai prise très au sérieux : « Au lieu de parler tout le temps de ton pays, tu devrais nous y emmener », m’a dit une collègue qui était aussi responsable du comité d’entreprise. Cette idée m’a tellement plu qu’un an après je quittais l’hôpital et partais m’installer en Colombie. J’ai vite compris qu’organiser des voyages était un vrai métier et qu’il fallait toute une logistique pour être en mesure de faire visiter un pays, surtout à mes collègues de l’hôpital. C’est comme ça que tout a commencé. J’ai revisité mon pays de long en large, j’y ai monté une agence de tourisme réceptif et j’ai commencé à démarcher les tours opérateurs et les agences. Un an après presque jour pour jour, je commençais à recevoir mes premiers passagers. Bien sûr, je n’ai pas fait cela toute seule, plein de gens m’ont aidée !

 

Vous êtes-vous alors concentrée sur la destination « Colombie » ?

Assez rapidement, j’ai aussi dû me lancer sur l’Équateur et ses mystérieuses îles pour satisfaire une demande de combiné Colombie-Équateur/Galapagos. Il s’est alors passé quelque chose d’exceptionnel dans ma vie : j’ai rencontré Jean, un homme de tourisme, voyageur et aventurier, qui est devenu mon époux. Il s’est amouraché de mon projet (et de moi !) et m’a rejointe en Colombie pour travailler à mes côtés. L’aventure a pris une toute autre ampleur et nous nous sommes installés en Équateur, puis au Pérou. Pendant une dizaine d’années, nous nous sommes ainsi baladés ensemble sur le continent. Nous avons créé, une à une, les agences réceptives des 11 destinations que nous proposons aujourd’hui. Les voyages et le tourisme réceptif sont devenus notre vie, notre métier, et l’Amérique latine notre terrain de jeu. J’ai appris la rigueur, le sens de l’organisation et la notion de service à l’hôpital mais ce sont les voyages et le contact avec les gens qui m’ont vraiment appris à aimer mon métier. En voyageant, la vision continentale est devenue une évidence, puis notre force.

 

Iguazu-1 Claudia Terrade

 

Quel est aujourd’hui votre rôle au sein de Quimbaya ?

Depuis le début, mon but est de garantir le parfait fonctionnement de chacune de nos agences afin de répondre aux exigences de nos clients et de leurs passagers. Nous avons choisi de travailler exclusivement en B2B et cela demande une organisation particulière. Dans notre métier de réceptif, rien n’était conçu ni établi comme dans d’autres métiers. Il a donc fallu tout créer de A à Z. Faire fonctionner à l’unisson 16 agences dans 11 pays pour permettre à des voyageurs venus d’horizons différents de découvrir une destination à leur manière, avec leurs moyens et dans les meilleures conditions demande beaucoup d’écoute, de précision, de rigueur. Mais aussi des moyens techniques et des outils performants afin de pouvoir tout contrôler dans les moindres détails.

 

Qu’est-ce qui vous plait et vous motive le plus dans ce métier ?

J’aime découvrir, créer des voyages, établir des procédures, organiser, former des équipes, négocier, vérifier que le voyage promis sur le papier correspond à celui que chaque passager attend sur le terrain. Connaître les réactions de nos clients par rapport à notre travail a toujours été essentiel pour moi. Cela nous a toujours permis d’améliorer la qualité de nos services et de nos offres. Puis si les résultats escomptés sont là, c’est aussi rassurant et ça permet de continuer sereinement. En somme, ce qui me plait c’est de dessiner des projets de tourisme, les développer et voir les résultats. Ma fonction de CEO me l’a permis à volonté !

 

Museo Botero de Bogota - Claudia Terrade

 

Où vivez-vous généralement lorsque vous êtes en Amérique latine ? Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

En Amérique latine, je pose mes valises au Panamá, un pays très agréable où la vie est paisible et simple. Les Panaméens sont chaleureux et accueillants, ils ont toujours vécu avec des gens venus d’ailleurs et cela ne leur pose aucun problème. Des communautés d’origines, cultures et traditions différentes cohabitent en harmonie et sans conflit. La pleine nature et la modernité se côtoient en permanence : il m’arrive de rencontrer agoutis, iguanes, toucans, pélicans, paresseux et autres animaux sauvages à côté de chez moi, en marchant le long du Paseo del Canal ! Sa situation géographique et son célèbre Canal donnent au pays un aspect magique qui me fascine. De nombreux vols arrivent et partent chaque jour depuis l’aéroport de Tocumen, principal aéroport de Panama City, qui mérite son statut de « Hub des Amériques » tant le sud, le centre et le nord du continent y sont reliés. Ce pays est un havre de paix avec une population heureuse de vivre, aimant la musique et la vie douce et profitant d’une nature luxuriante que je ne me lasse pas de découvrir et d’admirer.

 

Quels lieux du continent fascinent la passionnée d’histoire et de culture latino-américaines que vous êtes ?

Tous les sites qui rappellent l’héritage précolombien du continent, comme les pyramides aztèques et mayas du Mexique et du Guatemala, le site inca de Machu Picchu, l’île de Pâques ou le parc archéologique de San Agustín en Colombie, font pour moi partie des immanquables. L’Amérique latine compte aussi de formidables musées, à l’image du Musée de l’or de Bogota, du musée Larco de Lima, du musée d’anthropologie de Mexico ou encore du musée national d’archéologie de Bolivie, à La Paz. On y trouve également des musées uniques au monde comme le musée à ciel ouvert installé en plein centre-ville de Medellin, qui expose les plus belles sculptures de Fernando Botero, ou le musée Frida Kahlo à Mexico, le musée d’art latino-américain de Buenos Aires ou celui des Beaux-Arts de Santiago. Tout un résumé des œuvres des peintres, sculpteurs et autres artistes anciens et contemporains… S’il s’agit d’admirer des ouvrages grandioses, je pense aussi au Canal de Panama, bien sûr, ainsi qu’au barrage d’Itaipu, entre Brésil et Paraguay, ou encore au Train des nuages en Argentine. Autant d’œuvres monumentales réalisées par l’homme et devant lesquelles il y a de quoi s’extasier…

 

Museo del Oro - Claudia Terrade

 

Et pour une expérience en pleine nature ? Ou au contraire en pleine ville ?

Côté nature, les chutes d’Iguaçu, le Canyon du Cuivre, le Canyon de Colca, le lac Titicaca, la Patagonie et notamment le glacier Perito Moreno ou le parc national Torres del Paine, mais aussi le désert d’Atacama, celui de la Tatacoa, le Salar d’Uyuni ou encore la jungle amazonienne sont des sites tellement impressionnants qu’il faut absolument les voir. Puis il y a des endroits qui font pleurer de bonheur et de tendresse : c’est le cas de Tortuguero au Costa Rica, où les tortues marines géantes viennent pondre leurs œufs chaque année en septembre, ou des îles Galapagos et Puerto Madryn, sur lesquelles des milliers d’animaux sont tout simplement chez eux. Ils nous rappellent, malgré les agressions de l’homme, qu’il reste des endroits où ils sont encore les rois. Pour une expérience urbaine, je conseille Rio, Cuzco, Carthagène, Cuenca et Antigua (au Guatemala), qui font partie de ces villes où l’on a toujours envie de revenir juste pour se balader, bien manger et écouter de la musique ! Chaque pays mérite plusieurs voyages mais on peut déjà profiter d’un voyage pour en découvrir plusieurs et ainsi s’imprégner de l’âme latino, ce « réalisme magique » que seule l’Amérique latine propose dans sa littérature, sa musique, sa gastronomie et surtout, dans les rencontres avec les gens.

 

Avez-vous une anecdote amusante à partager à propos de votre travail ou de l’un de vos voyages ?

Parmi les nombreuses anecdotes que j’ai en tête, il en est une que je n’oublierai jamais car elle était prémonitoire. Elle concerne un combiné Colombie-Équateur/Galapagos organisé au tout début de ma carrière pour un groupe important qui voyageait ensemble depuis longtemps et avait l’habitude d’organiser, en fin de circuit, un petit spectacle en rapport avec le voyage. Cette fois, il s’agissait d’une pièce de théâtre autour d’une cérémonie de mariage à laquelle nous avions assisté dans la communauté otavalena de la ville d’Otavalo, en Équateur. Et devinez quoi ? Jean et moi avons été désignés pour jouer les fiancés. On nous a joliment habillés avant de nous marier dans les règles de l’art. Tellement bien que, depuis, nous ne nous sommes jamais quittés !