Synonymes de grande liberté, les sports de glisse promettent des sensations plus ou moins fortes mais aussi et surtout une belle confrontation avec la nature dans toute son immensité et sa majesté. Et leur diversité permet à tout voyageur, du plus prudent au plus aventurier, de trouver celui qui convient le mieux à ses aspirations ! Les sports de glisse ont également l’avantage de se décliner sur tous les terrains, notamment dans leur version aquatique, que ce soit le long des côtes ou au fil des rivières. La Cotal vous propose, à travers ce dossier en deux volets, un beau tour d’horizon des sports de glisse aquatiques pratiqués en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Partie I : En Amérique latine ou dans les Caraïbes, la glisse en mer comme en rivière !
De nombreux sports de glisse se pratiquent sur l’eau, qu’elle soit salée ou douce. Ainsi, des littoraux latino-américains et caribéens aux cours d’eau et lacs qui sillonnent l’intérieur des terres, les terrains de jeu ne manquent pas pour les voyageurs souhaitant s’adonner ponctuellement ou intensivement à ces pratiques de plein-air. À défaut de pouvoir énumérer exhaustivement l’ensemble des spots qui s’y prêtent, le dossier en cinq volets que leur consacre la COTAL donne un aperçu intéressant des sports de glisse pratiqués à travers le continent et des opportunités qui s’offrent localement à leurs adeptes, novices ou non.
Volet 1 : La glisse en Argentine, au Nicaragua, en Colombie, au Costa Rica, au Belize et au Brésil
L’Argentine : destination kayak !
L’Argentine peut se targuer de compter d’innombrables spots de kayak, pour certains tout à fait remarquables. La Patagonie et ses vastes espaces naturels conviennent idéalement à la pratique de ce sport d’eau, notamment dans la province de Neuquén. Situé au pied des Andes, à une trentaine de kilomètres de San Martín de los Andes, le lago Machónico invite à une balade agréable au cœur de paysages grandioses, avec des forêts de conifères et de fagacées que l’on peut prendre le temps d’admirer le temps d’une halte sur la plage pour refaire le plein d’énergie avec un maté et des empanadas, ou simplement se poser et contempler la beauté du site.
Non loin, toujours dans la région des lacs, le lago Traful a pour écrin le parc national Nahuel Huapi et ses paysages de carte postale. À l’exception de la pagaie fendant tranquillement l’eau, du chant des oiseaux et du vent bruissant dans les feuilles, aucun son ne vient perturber une session kayak en ce lieu paradisiaque. Le lac recèle en outre un véritable trésor naturel : une forêt immergée de cyprès dont les racines se trouvent sous les eaux cristallines, à portée de brasse des plongeurs fascinés. À la surface, les kayakistes s’émerveillent quant à eux des troncs sans branches, déteints par l’effet de l’eau et du soleil. C’est un éboulement provoqué par un séisme, dans les années 1960, qui fit choir ces spécimens jusqu’alors situés sur le flanc du Cerro Bayo, les laissant comme pétrifiés à quinze mètres de fond. Outre ce spectacle merveilleux, une sortie kayak sur le Traful permet d’admirer jusqu’aux hauteurs de la cordillère chilienne tout en croisant, çà et là, des pêcheurs à la truite et au saumon attirés par la beauté du spot et la pureté de l’eau…

D’autres expériences patagoniennes attendent les adeptes du kayak, comme une navigation sur les eaux froides jusqu’aux pieds de la paroi du glacier Perito Moreno, ou au nord de la Patagonie argentine, au plus près de la faune qui peuple la sauvage péninsule Valdés. Silencieux et non polluant, le kayak est idéal pour observer lions de mer et baleines franches dans leur environnement naturel. Le kayak en Argentine peut aussi prendre une dimension plus extrême, par exemple le long des côtes de l’Antarctique, entre icebergs, rives vierges et colonies de manchots. Le tout avec un accompagnement professionnel et un équipement adapté aux conditions ! Le kayak se pratique en outre dans d’autres régions, comme la zone humide de l’extrême-nord-ouest appelée « Los Esteros del Iberá« , près de Puerto Valle. Dans cette réserve d’eau douce de plus de 195 000 hectares, les kayakistes peuvent apprécier pleinement le Parque Nacional Iberá ainsi que sa faune et sa flore d’une incroyable richesse. Mammifères, reptiles et amphibiens sont nombreux à peupler les canaux, les lacs, les marécages et leurs abords.
Enfin, l’Argentine est une destination idéale pour d’autres sports de glisse aquatiques, que l’on opte pour du paddle sur les lacs de la région de Bariloche, à la couleur émeraude, ou pour du kitesurf à Cuesta del Viento, un barrage situé au nord de la province de San Juan. Ce paradis de la glisse doit sa réputation à des vents supérieurs à 20 nœuds pendant plus de 300 jours par an, une eau claire et de belles collines dorées pour décor. À moins de préférer la mer et de pratiquer le kite sur la côte Atlantique ? La station balnéaire de Pinamar est appréciée pour son calme hivernal, ses dunes plantées de pins maritimes et sa longue plage que bordent de nombreux loueurs, clubs et autres infrastructures dédiées à la glisse en version nautique.
Le Nicaragua, royaume du surf et du canoë
Localement dénommé Lago Cocibolca, le lac Nicaragua n’est pas seulement le troisième plus grand lac d’Amérique latine (après le lac Titicaca et le lac Maracaibo), ni l’un des plus grands lacs d’eau douce du monde : c’est un endroit rêvé pour s’adonner aux plaisirs de la glisse. Amateurs de canoë et de paddle se retrouvent ainsi dans les Isletas, un archipel de 365 îlots volcaniques qui sont autant de petits paradis tropicaux à la végétation exubérante, peuplés de familles de pêcheurs et riches en oiseaux aquatiques. Y pagayer, assis ou debout, est l’occasion d’admirer de superbes points de vue sur le volcan Mombacho et la ville de Granada, près de laquelle la forteresse espagnole Castillo San Pablo, bâtie au 18ème siècle, mérite un détour.

Sur le lac Nicaragua se trouve aussi l’île d’Ometepe, réserve de biosphère de l’UNESCO et repaire des naturophiles. Non seulement elle offre d’autres perspectives sur cette vaste étendue d’eau, qui couvre environ 1/15ème du territoire nicaraguayen, mais l’on peut y naviguer tranquillement et parcourir pagaie en main les abords de l’île ou les eaux marécageuses du Rio Istián pour observer les nombreux oiseaux qui y trouvent refuge. Et l’on troque parfois l’eau pour la terre ferme le temps d’une balade autour de la lagune de Charco Verde, afin d’apercevoir tortues, singes et crocodiles, ou d’une marche dans la forêt dense en quête de pétroglyphes cachés…
À l’extrême nord-ouest du Nicaragua, un autre spot attire les amateurs de glisse : la réserve naturelle Estero Padre Ramos. Cette forêt de mangrove, la plus vaste d’Amérique centrale, abrite à la fois d’innombrables volatiles, locaux et migrateurs, des alligators et des ocelots. Ainsi que des mollusques, dont l’une des espèces, Grandiarca (Anadara grandis), aussi appelée Casco de Burro, est devenue le symbole de la réserve ! Le dédale de canaux se prête parfaitement à une sortie en kayak, au contact de la faune locale. La région dans son ensemble est restée sauvage, bien qu’y vivent de petites communautés, ce qui lui vaut d’attirer sur ses plages des tortues marines venues pondre entre juillet et décembre et des surfeurs attirés par des vagues parfaites.
Le surf est aussi à l’honneur à 300 km de là, à Playa Popoyo, spot légendaire difficile d’accès et réservé aux pratiquants aguerris. Ces derniers viennent se confronter à des point breaks mondialement renommés, à l’image de Popoyo Main Break, en profitant d’une vague régulière et constante. On estime ici à plus de 330 le nombre de jours de vent off-shore chaque année. Plus au sud, Playa Maderas est l’une des superbes baies surfables à proximité de San Juan del Sur. Convenable pour les surfeurs de niveau intermédiaire, le spot est un peu moins exclusif, et donc plus fréquenté. Mais les guides du coin sont disposés à livrer leurs endroits secrets, quitte à descendre jusqu’au beach break de Playa El Yankee, et à y croiser des yogis en pleine retraite…
En Colombie, une météo et des décors qui se prêtent à la glisse
Les adeptes du surf savent que la Colombie est une destination de référence, entre la côte Pacifique et ses spots variés, pour tous niveaux, et la côte des Caraïbes, plus technique mais tout aussi appréciée. Les conditions favorables qu’offre le pays, et en particulier sa façade caribéenne, ne séduisent pourtant pas que les surfeurs. Ainsi Carthagène et ses alentours sont-ils des spots de choix pour le kitesurf, à l’image de La Boquilla, où le vent souffle entre 15 et 25 nœuds et où les débutants peuvent prendre leurs marques, tandis que les plus expérimentés s’entraînent. Plus loin, à une heure de Carthagène, Puerto Velero permet de pratiquer dans une jolie baie, où le vent peut atteindre 35 nœuds et où les loueurs de matériel sont nombreux.

Dernier-né des sports de glisse, le wing foil a lui aussi toute sa place sur les côtes colombiennes. Il consiste à manipuler une aile (wing) tenue à deux mains, les pieds posés sur une planche de paddle sous laquelle est monté un foil, une aile profilée conçue pour fendre l’eau tout en transmettant une force de portance à son support. Il se pratique par exemple à Salinas del Rey, au bord de la mer des Caraïbes, rapidement devenu l’un des spots les plus prisés d’Amérique latine pour le wing foil et le kite surf. Il faut dire qu’il combine de bonnes conditions météorologiques, avec un vent fort et constant, recherché par les adeptes des deux disciplines, avec un cadre naturel superbe et une mer aux eaux toujours chaudes. La glisse est ici agréable et sécurisée pour les pratiquants de tout niveau, qui profitent entre autres d’une vaste plage de sable fin idéale pour le décollage et l’atterrissage des ailes. Outre les nombreux clubs et infrastructures sur place, on vient ici pour les charmes de la région, avec des salines à explorer, des zones naturelles protégées à découvrir et un bon concentré de culture et de gastronomie colombiennes.
Preuve que la Colombie convient pour la glisse sous toutes ses formes, on peut aussi s’y adonner au rafting en gagnant l’intérieur des terres et le Rio Magdalena à 540 km au sud de Bogotá. L’occasion pour les amateurs d’évoluer dans de beaux paysages naturels, comme ceux du Massif Colombien, en glissant de rivières en jungles sur fond de volcans. Sans oublier de découvrir des trésors antiques, comme ceux visibles au Parc archéologique de San Agustín, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. De quoi mêler sensations sportives et émotions historiques…

La « ride » au cœur d’une nature grandiose au Costa Rica
Avec ses deux façades maritimes, l’une côté Caraïbes et l’autre côté Pacifique, le Costa Rica a naturellement de sérieux atouts aux yeux des fans de sports nautiques. Le pays compte ainsi de nombreux spots de surf, dont certains comptent parmi les tout meilleurs du monde. Il en est ainsi de Tamarindo, sur la côte Pacifique, avec deux rendez-vous incontournables pour les surfeurs de la région ou ceux de passage : Pico Pequeno, peu recommandé aux novices avec son takeoff rapide qui naît près des roches, et Playa Grande, bel estuaire planté de mangroves, que les pratiquants apprécient pour ses beach breaks avec un fond de sable et que les tortues luth fréquentent à la saison des pontes. La région est en outre prisée des fêtards, qui multiplient les sessions de glisse en journée et débriefent de leurs exploits le soir venu dans les bars locaux…
À environ 200 km de là, sur la péninsule de Nicoya, on vient surfer à Santa Teresa pour profiter toute l’année de longues vagues creuses, fréquentes et bien consistantes, qui déroulent parfaitement jusqu’à la vaste plage de sable brun. Autre spot culte, Pavones se trouve tout au sud du pays, près de la frontière avec le Panama. Cette incroyable plage ourlée d’une végétation abondante possède la deuxième vague la plus longue du monde (derrière Chicama, au Pérou), avec plus de 800 mètres de vagues continues. Et quand les vagues du Pacifique sont un peu plus calmes, entre décembre et mars ? Les adeptes ont leur solution : partir côté Caraïbes pour surfer à Puerto Viejo de Talamanca, et se confronter aux houles générées par de puissants systèmes tempétueux. Le spot de Salsa Brava offre une vague « hawaïenne » venue des eaux profondes pour se briser dans la barrière de corail. Playa Cocles constitue une option un brin plus calme et plus accessible, avec des vagues toujours impressionnantes mais plus aisées à négocier.
Si l’on surfe également à Nosara, village de la péninsule de Nicoya niché entre plage et jungle, la destination est dans le même temps devenue une référence en matière de canoë. Ce mode de glisse est en effet idéal pour s’élancer dans la réserve biologique de Nosara et ses 50 hectares peuplés de nombreux animaux, dont des singes, des coatis et des crocodiles. Sur les rivages de la péninsule, on pagaye aussi à Isla Jesusita, île verdoyante et quasi déserte, où une expérience absolument unique attend les kayakistes : une balade nocturne d’observation du plancton bioluminescent et de ses reflets magiques. Ce phénomène qui semble irréel est en fait bien naturel et s’explique par le fait que certains micro-organismes du phytoplancton se convertissent en énergie lumineuse au contact de l’oxygène lors des courants marins. Tout mouvement dans l’eau génère alors l’apparition d’une lumière bleue aussi magique qu’envoûtante…

En longeant la côte costaricaine vers le sud, on trouve d’autres lieux où il fait bon pagayer, à l’image d’Isla Damas. Située dans la région de Manuel Antonio, cette sorte de presqu’île couverte de mangroves est sillonnée par des marécages et des canaux abritant un remarquable écosystème où cohabitent coatis, crabes rouges, singes capucins et reptiles en tout genre : serpents, crocodiles, caïmans… Toujours plus au sud, dans la Péninsule d’Osa, le Costa Rica dévoile son côté intensément sauvage et convie les kayakistes à fendre les eaux claires et paisibles du Golfo Dulce, pour une découverte de la jungle depuis les mangroves ou une observation des dauphins, des lamentins et des tortues barbotant dans les parages.
Naturellement, on peut également pratiquer le kayak à l’intérieur des terres costariciennes, et notamment à Boca Tapada, havre de paix situé tout près de la frontière nicaraguayenne. Relativement peu fréquenté, ce bout de forêt tropicale est un refuge pour plus de 400 espèces d’oiseaux, dont on peut admirer certaines en naviguant le long du Río San Carlos ou du Río Très Amigos. Le mieux est encore de s’offrir les services d’un guide naturaliste pour tout savoir sur la biodiversité des lieux et ne rien manquer des animaux qui l’incarnent : jaguars, tapirs, kinkajous…
Toujours dans les terres, mais dans un cadre inattendu, le kayak trouve sa place parmi d’autres sports de glisse sur le lac Arenal, au pied du volcan du même nom. On peut y pagayer joyeusement en guettant le bruit des singes-hurleurs ou des oiseaux, et même embarquer une canne à pêche pour tenter d’attirer l’une des dix espèces de poissons présentes dans ce lac artificiel situé à 1 700 m d’altitude. On peut aussi s’adonner à la planche à voile (ou « windsurf »), à condition d’aimer les sensations fortes et d’avoir de l’expérience, grâce à des vents chauds de 40 km/h en moyenne pendant la saison sèche, et des vagues atteignant parfois 1,5 mètre !

Attirés par la technicité qu’exige l’endroit et la magie du cadre, les experts de la discipline, tout comme les pros du paddle, les spécialistes du wing foil et les kitesurfeurs les plus exigeants, classent même le lac Arenal parmi les tout meilleurs spots mondiaux. Ces mêmes kitesurfeurs ont également un faible pour Bahía Salinas, au nord du Guanacaste, tout particulièrement entre novembre et avril. La jolie baie est alors continuellement balayée par les vents, soufflant jusqu’à 20 ou 25 nœuds en moyenne et formant des vagues de 1 à 1,5 mètre. La récompense ultime consiste à faire une pause sur l’île rocheuse de Bolaños, refuge et aire de conservation pour la faune au cœur de la baie, où l’on trouve de belles plages de sable blanc.
Enfin, le Costa Rica est aussi une destination rêvée pour s’adonner au rafting en eaux vives. L’activité est bien développée à travers le pays, qui a d’ailleurs accueilli les championnats du monde de la discipline, lors de leur première édition en 1998 puis une autre fois en 2011. Lors de ces compétitions, les concurrents ont pu s’affronter sur le Río Pacuare, l’une des plus belles rivières du monde, considérée comme le meilleur spot de toute l’Amérique latine. Il faut dire qu’il sillonne à travers un décor tropical peuplé d’animaux et ponctué de cascades, mais aussi qu’il compte des rapides de classe III ou IV pour pimenter l’aventure. D’autres spots de rafting ont les faveurs des adeptes à travers le pays, à l’image du Río Sarapiquí, avec quelques rapides réputés au cœur de la forêt, du Río Savegre et de ses gorges, où l’on évolue parmi d’innombrables oiseaux avec des rapides de classes II et III pouvant convenir aux familles, ou encore du Río Naranjo, lui aussi adapté à tous les niveaux et qui permet de contempler à la fois les beaux paysages des plaines du Pacifique et les animaux sauvages de la région. Sa section « El Chorro », plus sportive, fait passer par des rapides de classe IV+ le long du canyon. S’ajoutent à ces spots le Río Balsa, près du volcan Arenal, mixant zones techniques et passages plus calmes, ou le Río Corobicí, avec un parcours tranquille mais inoubliable au plus près des lézards, des singes et des oiseaux aux plumes chatoyantes.

Pagayer sur les traces des Mayas au Belize
Entre nature généreuse et histoire riche, les trésors béliziens ne manqueront pas d’émerveiller canoéistes et kayakistes. Côté mer, d’abord, les stations balnéaires et insulaires sont bien dotées en loueurs de kayaks, un mode de transport idéal pour des excursions dans les eaux claires, à travers lesquelles récifs, poissons et autres tortues de mer s’observent sans effort. En matière de kayak, mais aussi de paddle, le récif corallien – le 2ème plus grand du monde – et les cayes inhabitées qui parsèment les eaux caribéennes sont des spots rêvés. Coté terre, les possibilités sont encore plus nombreuses et pas moins géniales. Le pays accueille même, chaque année en mars, un événement unique en son genre : le Belikin La Ruta Maya Belize River Challenge. Cette course d’endurance de 4 jours, imprégnée d’histoire et de tradition, réunit pagayeurs amateurs et aguerris venus s’attaquer à l’ancienne rivière Belize, cours d’eau sinueux de 190 kilomètres qui était une importante voix de transport et de commerce pour les Mayas.
Les mêmes Mayas accordaient une importance spirituelle majeure aux grottes, paysages sacrés, où ils procédaient à un certain nombre de pratiques rituelles, purificatrices ou cérémoniales. Ils préparaient notamment des substances hallucinogènes pour accéder à un état de conscience altéré au moment de s’engager avec leurs dieux et leurs ancêtres dans le monde souterrain… Une fois à l’intérieur, il s’agissait de solliciter l’aide divine, de trouver refuge ou de faire de l’endroit un lieu de sépulture. C’est la raison pour laquelle certaines grottes abritent encore, aujourd’hui, des poteries intactes, des céramiques ou encore des objets en bois. Le canoé est un formidable moyen d’explorer cet autre monde à l’atmosphère sombre et mystique, comme aux grottes de Nohoch Che’en, dans le district de Cayo. Connu sous le nom de Caves Branch, le site situé à environ une heure de Belmopan est une réserve archéologique qui transporte les pagayeurs à travers un système de grottes souterraines inondées. On y accède depuis la jungle luxuriante, via un sentier de randonnée qui s’arpente en écoutant les sons de la faune.

D’autres grottes du Belize accueillent les petites embarcations, comme Barton Creek Cave, qui s’explore le plus souvent au départ de San Ignacio. Cette grotte où les Mayas observaient jadis des rituels est riche de nombreux vestiges, dont on s’approche à la lueur des lampes-torches. Autre spot appréciable, Dawson’s Creek, dont les zones humides adjacentes accueillent lamantins, loutres, crocodiles, lézards, martins-pêcheurs ou encore perroquets endémiques. Car rien n’oblige les kayakistes à évoluer dans l’obscurité ! Plusieurs cours d’eau du pays, à ciel ouvert, les accueillent en effet pour leurs moments de glisse. Deux d’entre eux, très connus, se trouvent dans le district de Cayo : la rivière Mopan et la rivière Macal. La première promet une excursion au cœur de la vie sauvage de la belle forêt tropicale, et longe plusieurs sites archéologiques mayas de renom, comme Ucanal, Xunantunich ou encore Actuncan. La seconde garantit elle aussi un dépaysement total, le temps d’une descente en pleine nature et au contact des animaux, oiseaux, iguanes et chauves-souris en tête.
Au Brésil, plusieurs spots de glisse entrés dans la légende
Avec près de 7 500 kilomètres de littoral, exclusivement le long de l’océan Atlantique, le Brésil est, sans surprise, un grand pays de sports de glisse aquatiques. On ne compte plus les spots prestigieux sur ses côtes, ponctuées de plusieurs temples du kitesurf et du surf. Et en la matière, c’est (presque) à chaque État son lieu de pratique emblématique ! La région du Nordeste est un bon exemple : dans l’État du Piauí, les kitesurfeurs viennent profiter des vents forts qui soufflent à Barra Grande, atteignant jusqu’à 35 nœuds de juin à février, tandis que l’eau se maintient au-dessus des 20 degrés ; dans celui du Ceará, le kite est également roi, comme à Cumbuco, dont l’exposition aux alizées et l’eau chaude sont idéales pour glisser au gré des vents, ou à Parajuru, autre spot de renom avec ses conditions de navigation qui peuvent convenir à tous les pratiquants quel que soit leur niveau, et son ambiance aussi relaxante que conviviale. Pontal de Maceió réunit aussi les caractéristiques d’un bon spot de kite, avec ses alizés incessants et sa vaste lagune peu profonde, affichant un magnifique camaïeu de bleu. On doit d’ailleurs à la discipline le renouveau du village, dont le charme et l’authenticité séduisent les voyageurs. Une communauté française y a même élu domicile, pour la glisse et la douceur de vivre.

Toujours dans l’État du Ceará, on trouve une célèbre station balnéaire, légendaire aux yeux de bien des « riders » : Jericoacoara. Historiquement repaire de véliplanchistes, l’ancien village de pêcheurs accueille aujourd’hui les adeptes de la glisse sous toutes ses formes, à commencer par les kitesurfeurs. Le jour, ceux-là ne quittent pas les spots de Prea (apprécié pour son orientation ‘side shore tribord’, c’est-à-dire ses vents ouest-nord-ouest, et ses plages par ailleurs désertées) et Guriú (une lagune aux eaux peu profondes prisées des débutants). Le soir venu, ils peuplent les ruelles animées de « Jeri » où il faut bon se détendre, manger local et jouer les noctambules après une journée dans le vent. Mondialement connue pour la glisse, cette bourgade authentique et exotique située à 380 km de Fortaleza offre de bonnes conditions pour pratiquer toute l’année, mais aussi suffisamment de moniteurs expérimentés pour accompagner les kitesurfeurs, les véliplanchistes, les wingfoilers ou encore les paddlers, ainsi que les Anglosaxons appellent les pratiquants de paddle… Elle doit aussi sa réputation à son calme préservé – les voitures sont ici presque inexistantes –, son esprit « surf » résolument zen, son cadre agréable, avec des eaux paisibles d’un bleu céruléen, ses mangroves denses mais asséchées ou encore ses belles dunes, en haut desquelles on vient assister au coucher du soleil.

Avant de quitter le Nordeste, il convient de citer aussi l’État du Rio Grande Do Sul, qui compte lui aussi un lieu emblématique de la glisse aquatique : Pipa, autre village de pêcheurs devenu royaume des surfeurs. Pour accéder ici depuis Natal, à 85 km au nord, on emprunte la Rota do Sol, ou « route du soleil », qui promet un court road trip de toute beauté entre falaises érodées et nature exubérante. Une fois sur place, on découvre ce qui fait le succès de Pipa : des eaux turquoise peu profondes, un beau sable clair, de vertigineux promontoires rocheux… Pipa compte en fait plusieurs plages où pratiquer le surf. C’est notamment le cas de Praia de Madeiro, connue pour ses vagues puissantes et ses longues étendues sableuses, et de Praia do Amor, aux vagues un peu plus accessibles, également adaptée au paddle ou au kayak. Outre des conditions de surf idéales toute l’année et un cadre paradisiaque, Pipa constitue tout comme Jericoacoara une destination touristique attractive en raison de son charme décontracté très brésilien, de sa musique vibrante et de sa cuisine goûteuse. À quelques encablures de là, le petit village de Tibau do Sul incarne lui aussi l’art de vivre du Nordeste, empreint d’influences européennes, africaines et indigènes. Il attire les surfeurs pour la qualité des spots qui l’entourent, idéalement situés pour capter les houles venant de l’Est, ainsi que sa concentration d’hébergements, d’écoles et de moniteurs, parfaits pour débuter ou se perfectionner.
En poursuivant le long des côtes brésiliennes en direction du sud, on traverse l’État du Pernambouc, qui a lui aussi son paradis de la glisse à la renommée mondiale : Fernando de Noronha, et ses 21 îles perdues dans l’Atlantique, à plus de 500 km de la ville de Recife. Parfois surnommé « le petite Hawaii du Brésil », cet archipel est à la fois une réserve naturelle classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et un Parc National marin où s’observent des ballets des cétacés. On y croise donc des amateurs d’écotourisme, tout comme des as de la glisse venus profiter de spots exceptionnels concentrés au nord-ouest. Au programme : plages en pente, tubes d’eau cristalline et vagues de 2 mètres, le tout entre un ancien volcan en partie immergé et un chapelet d’îles idylliques. Aussi beau que périlleux, un spot local s’est, en particulier, forgé une solide réputation auprès des professionnels : Boldró. Novices, s’abstenir ! Ici, les vagues changent de direction selon les vents pour venir s’écraser sur des bancs de corail coupants. Dans le milieu, on qualifie de « kamikazes » les surfeurs capables de se confronter à de tels dangers…
Au Brésil, il n’est pas toujours nécessaire de s’éloigner des grandes villes pour assouvir sa passion de la glisse. Ainsi, les surfeurs de Rio de Janeiro peuvent-ils surfer « à domicile », comme à Arpoador, entre Copacabana et Ipanema, où les vagues affichent des tailles et des formes variées qui satisfont tous les goûts et tous les niveaux, ou bien à Leblon, à l’extrémité de la plage d’Ipanema, où aux bonnes conditions de vent et de vagues s’ajoute une vue spectaculaire sur les reliefs du Morro Dois Irmãos. Il est aussi possible de surfer en s’éloignant un peu de Rio, comme à Saquarema, à deux petites heures de route, une destination charmante que l’on présente fréquemment comme « la capitale brésilienne du surf ». La ville abrite en effet la célèbre plage d’Itaúna, aux vagues de premier ordre, théâtre de compétitions internationales. Notez par ailleurs qu’entre Rio, l’île de Paqueta ou encore Paraty, l’État de Rio de Janeiro a aussi de sérieux atouts pour attirer les amateurs de paddle.
On s’adonne aussi à la glisse dans l’État voisin de São Paulo, que ce soit sur les plages d’Ubatuba, Maresias ou Itaguaré. La première, qui se trouve à environ 4h de route de São Paulo, revendique elle aussi le titre de « capitale du surf » en raison de ses vagues de qualité, d’une hauteur moyenne de 2 mètres, et son choix d’hôtels, de restaurants et de bars qui invitent au réconfort après l’effort. Sachez qu’ici, même les arrêts de bus représentent des vagues ! La deuxième, à 3h de la capitale économique du Brésil, est connue pour ses vagues puissantes et régulières auxquelles viennent se confronter des surfeurs du monde entier. Lesquels ont aussi un faible pour la vie nocturne locale, dont on prend le pouls dans ses établissements plutôt qualitatifs, et peuvent parfois troquer la planche pour le bateau le temps d’une excursion vers les îles à proximité, comme Ilha das Couves. La troisième, enfin, est encore plus près de l’agitation pauliste : 2 heures de route seulement. L’ambiance sereine et le décor, entre jungle et spots de renom, contribuent à la réputation du lieu, où sont aussi organisés des séjours mixant surf et yoga. Itaguaré a la particularité de voir se rencontrer les eaux de l’océan Atlantique et celles du Rio Itapanhaú, sur lesquelles il fait bon évoluer en paddle.
Ce voyage au Brésil sous le signe de la glisse ne serait pas complet sans un détour par la ville de Florianópolis – surnommée Floripa par ses habitants –, capitale de l’État de Santa Catarina. Floripa s’étend sur toute la surface de l’île du même nom, Ilha de Santa Catarina, longue de 54 kilomètres. Celle-ci, qui compte une quarantaine de plages protégées par une réserve environnementale, est non seulement un lieu privilégié pour observer la faune et la flore, notamment entre les eaux paisibles de la Lagoa da Conceição et celles plus agitées de l’océan Atlantique, mais aussi un vrai temple des sports nautiques, à commencer par la planche à voile, dont les adeptes trouvent un formidable terrain de jeu au nord de l’île, près de la plage de Ponta das Canas. Les surfeurs ne sont toutefois pas en reste, qu’ils optent pour les levers de soleil à Joaquina, la solitude que leur réserve Moçambique ou les premiers frémissements de la vie nocturne de Jurerê, palpables dès la fin d’après-midi à l’ouverture des restaurants.
Enfin, il n’est pas indispensable d’avoir accès à la mer pour s’adonner au surf. La preuve avec la Pororoca, une vague sacrée pour les Amérindiens comme pour les surfeurs, qui se forme chaque année sur des dizaines de kilomètres aux portes de l’Amazonie. Entre mars et mai, à la saison des pluies, l’effet conjoint de la nouvelle lune et de la pleine lune fait s’opposer la marée montante et le courant du fleuve, formant une vague à la puissance inouïe. On raconte que l’arrivée de la Pororoca, dont le nom signifie « rugissement » en langue indigène, est précédée par un grondement sourd et distant, à peine couvert par les cris des singes. Le plus long mascaret de la planète s’apprête à survenir ! Pour un peu moins d’adrénaline mais autant de beaux souvenirs, certains préfèreront s’armer de rames pour descendre en canoë la rivière Tapajós, au départ de Belém, afin de découvrir la biodiversité de la forêt tropicale et saluer singes, oiseaux exotiques et autres dauphins de rivière sous la canopée. D’autres voudront plutôt profiter des grottes sous-marines, des rivières cristallines et des diverses merveilles naturelles humides de l’État du Mato Grosso do Sul, qui compensent largement l’absence de la mer, en arpentant par exemple une partie de la rivière Sucuri, affluent du fleuve Paraná, en canoë ou rafting, au contact de ses poissons nombreux et sa végétation généreuse. D’autres, encore, troqueront les aventures amazoniennes pour la frontière avec l’Argentine et pagaieront sur la rivière Iguaçu, au plus près des célèbres chutes mais aussi des perroquets colorés et des petits caïmans peuplant la zone.
Ces premières sessions de glisse aux quatre coins du continent ne sont pas sans éveiller quelques envies d’expériences maritimes ou d’évasions insulaires… Aussi, et pour patienter jusqu’au prochain volet, la COTAL vous propose de (re)découvrir un précédent article intitulé « Surf & Yoga : un programme tout en équilibre ». L’occasion de passer en revue quelques spots de surf déjà évoqués par ici, ou pas encore, mais également d’en savoir plus sur l’art qu’ont certains voyageurs de mêler adrénaline et sérotonine. Rendez-vous prochainement pour un second volet consacré aux sports de glisse aquatiques.