Les missions jésuites

edito.jpg Les missions jésuites du XVIIe et XVIIIe siècles se sont implantées dans la zone frontière entre ce qui étaient les royaumes d’Espagne et du Portugal. Elles comptaient plus d’une centaine de villages indigènes, depuis le sud du Brésil, l’actuelle Bolivie, l’Uruguay, l’Argentine, le Paraguay, le Pérou, la Colombie et le Venezuela. Trente villages guaranis sont regroupés sur une partie du territoire appartenant aux Guaranis, ils partagent une même culture et forment la province jésuite de Misiones, correspondant à la région frontalière entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil actuels. Quinze de ces villages sont en Argentine. Sept des anciennes missions, qui forment aujourd’hui le circuit international des missions jésuites ont été déclarées Patrimoine de l’Humanité. Les cinq principales missions sont celles de São Miguel das Missoes, au Brésil et San Ignacio Mini, Santa Ana, Nuestra Señora de Loreto et Santa Maria la Mayor, en Argentine.

Missions Guaranis

missions-guaranis.jpgComme les villages coloniaux qui suivront, ces missions sont toutes bâties sur un même plan. Au centre, une place carrée, ou rectangulaire, avec l’église, et le collège, les bâtiments où habitent les Jésuites, et différents autres affectés à des ateliers d’artisanat, une prison, des maisons pour les veuves, les prostituées. D’autre part, un cimetière avec d’un côté les hommes, de l’autre les femmes et les enfants. Les habitations guaranis s’inspirent des cases traditionnelles, maisons d’un seul tenant, qui s’agrandissent horizontalement selon les nouveaux venus de la famille.
Au XVIe siècle, les populations indigènes sont exploitées par le système colonial, appelé « encomienda » qui permet aux colons de disposer de la main d’oeuvre pour l’exploitation de leurs propriétés. Mais en Espagne, en 1550 et 1551, les controverses de Valladolid reconnaissent l’égalité des droits et des devoirs pour tous les hommes et leur donnent à tous la liberté. Les Indiens ont maintenant droit à la culture. Ils peuvent donc être instruits, à l’époque, l’instruction comprenait la catéchisation. Malgré tout, certains colons continuent à exploiter les Indiens, et en font des esclaves. Pour remédier à cette situation les Jésuites vont inventer une nouvelle manière de les évangéliser : maîtrise et promotion des langues indigènes, étude et préservation des coutumes locales, mise en place d’une organisation sociale et progrès économique des communautés autochtones. Enfin, ils regroupent les Indiens autour de leurs monastères, pour les protéger des excès de l’encomienda, les sédentarisent, ils créent ce que l’on a appelé des « reducciones ».
Ces missions se sont multipliées de 1611 à 1630 environ, jusqu’à l’arrivée du Pape Clément XIV qui met fin à deux siècles d’évangélisation. Cette décision inattendue est la conséquence des rivalités entre l’Espagne et le Portugal sur leurs terres d’Amérique. S’ensuivent des massacres et les jésuites espagnols ne seront pas épargnés. Ils avaient été les premiers à accompagner les conquistadors au début la colonisation, ils ont joué un rôle prépondérant dans l’évangélisation de l’Amérique du Sud. Selon l’historien Bartolomé Bennassar, « quelques 120 martyrs béatifiés ont été recensés, morts aux Amériques durant les XVIe et XVIIe siècles. Saint Pedro Claver est l’un d’entre eux, le jésuite qui vécut parmi les esclaves africains en Colombie, à Carthagène des Indes, mort en 1654 « . San Pedro a son église sur l’une de places de la ville. Sous l’autel principal du sanctuaire se trouve une large châsse vitrée où repose le corps de Saint Pierre Claver.

Missions de Chiquitos

missions-de-chiquitos.jpgAu Pérou, presque un siècle plus tard, entre 1691 et 1760, dans le territoire de Chiquitos, à l’est de la Bolivie, on peut voir encore des « reducciones ». Dans cette région, à la frontière semi-aride de l’Amérique du sud, les Jésuites et les Indiens sous leur protection, ont fait un travail remarquable qui mêle architecture européenne et traditions locales. Six missions historiques demeurent intactes, San Francisco Javier, Concepción, Santa Ana, San Miguel, San Rafael et San José constituent à ce jour un patrimoine vivant, pour combien de temps encore ?

Dans cette région, un siècle s’est écoulé depuis la construction des missions guaranis, le temps a passé, les maisons pour les Indiens sont plus évoluées. Elles sont maintenant installées sur les trois côtés d’une place rectangulaire, le quatrième coté est réservé à l’église, aux ateliers et aux écoles. Les églises sont de merveilleux exemples de l’adaptation de l’architecture religieuse chrétienne européenne aux conditions et aux traditions locales. Ce sont de simples et grandes maisons au toit pentu, surmonté d’un pignon qui surplombe une grande galerie. Ces architectures traditionnelles abritent souvent de très belles œuvres d’art.
Contrairement à d’autres missions jésuites d’Amérique du sud, les missions jésuites de Chiquitos ont survécu à l’expulsion de la Compagnie de Jésus en 1767 bien que dans les années 1850 le système des « reducciones  » ait totalement disparu ailleurs..
La conquête de l’Amérique Latine est totalement associée à la présence des missionnaires. Nombreux sont ceux qui on débarqué sur le Nouveau continent, des Espagnols mais aussi des Portugais qui pousseront leur voyage en Asie, jusqu’aux Indes et aux Philippines. Au XVIe, ce sont des Espagnols qui débarquent avec en 1502 des franciscains, puis des dominicains en 1510, des mercédaires en 1519, des augustins en 1533, et des jésuites en 1568.

Au Brésil, en Amérique portugaise, la capitale coloniale est Bahia. Les conditions de colonisation diffèrent très peu de celles de l’Amérique espagnole, mais pour des raisons qui tiennent probablement au peuplement du Brésil, le clergé portugais qui avait débarqué avec les premiers colons reste davantage avec eux. Les choses vont beaucoup changer avec l’arrivée des Jésuites, en 1549. En 1600, ils sont encore très peu nombreux, mais ils ont déjà un grand rayonnement. En ce qui concerne l’organisation des écoles, des communautés, de la partie sociale, de la sédentarisation des nomades, de la création de nouveaux villages qu’ils prennent en main, elle est très voisine de celle des Espagnols. Les jésuites sont notamment les fondateurs de la ville de Sao Paolo.

On peut aujourd’hui visiter les ruines de ces missions jésuites dont certaines sont classées au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco, elles se trouvent souvent à proximité ou au coeur de régions touristiques, non loin des circuits du Nord de l’Argentine, au sud du Brésil, voisines des chutes d’Iguazu, au Paraguay. Le mieux est de consulter les professionnels du tourisme, Offices de Tourisme et agences de voyage.