L’Amérique latine, un vaste territoire qui se prête aux sports de glisse

Partie II : Petit florilège des sports de glisse terrestres à pratiquer en Amérique latine

Qui pense glisse terrestre pense d’abord aux joies de la montagne. En la matière, deux pays tirent tout particulièrement leur épingle du jeu : l’Argentine et le Chili. L’un et l’autre concentrent en effet quelques-unes des stations de ski les plus réputées au monde, où il n’est pas rare de croiser des skieurs européens à l’entraînement lors de l’hiver austral…

Volet 1) En Amérique latine, quelques stations de ski parmi les meilleurs au monde

De nombreux skieurs rêvent de dévaler des pistes sud-américaines, dont certaines comptent parmi les plus mythiques au monde. Elles ont aussi l’avantage de permettre aux Européens de skier lorsque c’est l’été chez eux, grâce à l’inversion des saisons entre hémisphères sud et nord. Ainsi, on peut s’adonner à la glisse sur une neige bien fraîche en plein mois d’août, ou troquer le cartable, indispensable accessoire de la rentrée de septembre, pour une combinaison de ski et des gants bien chauds. En bref, les raisons de s’essayer au ski en version sud-américaine sont nombreuses, et les stations où le faire suffisamment variées pour combler toutes les attentes. Contraintes géographiques et climatiques obligent, il faut néanmoins concentrer sa pratique sur les deux seuls pays d’Amérique du Sud équipés, à ce jour, de remontées mécaniques : l’Argentine et le Chili. Voici justement un tour d’horizon des meilleures stations qu’abritent ces deux nations.

Remontées mécaniques en Argentine

Huit stations idéales pour skier en Argentine
En septembre 2024, le quotidien régional Le Dauphiné Libéré, dont la zone de diffusion couvre notamment les départements alpins, consacrait une passionnante carte interactive aux stations sud-américaines dans lesquelles s’entraînent les skieurs français avant le début de la saison. Ils sont en effet nombreux, comme leurs collègues européens, à migrer vers les stations argentines et chiliennes d’août à début octobre afin d’effectuer leur préparation. Pour l’occasion, le journal a demandé au coach des descendeurs français, Xavier Fournier-Bidoz, qui fréquente ces spots d’entraînement depuis plus de vingt ans, de présenter leurs atouts en quelques mots.

Vue sur Bariloche, en Argentine (© gullebot via Wikimedia Commons)

Sans surprise, l’entraîneur des Bleus évoque Cerro Castor, spot de prédilection de ses troupes qui s’y préparent chaque année durant l’été austral, établissant leur camp de base dans la cité portuaire d’Ushuaia à environ 45 minutes de route de là. Station du bout du monde, Cerro Castor se trouve sur les pentes du Mont Krund, aux confins de la Patagonie. Soit en pleine Terre de Feu ! Elle a la particularité d’être la plus australe des stations de ski de la planète, permettant ainsi aux skieurs, athlètes ou amateurs, de pratiquer à la fois tôt et tardivement dans la saison. Les skieurs de l’équipe de France ont été les premiers à s’entraîner à Cerro Castor, avant d’être rejoints par les Italiens, les uns comme les autres appréciant les dispositions prises sur place pour faciliter le travail d’avant-saison des sportifs. La station créée en 1999 est même dirigée par un francophone et francophile, l’ancien skieur alpin argentin Gáston Begue, qui a fait ses études à Grenoble. Spécialiste de son sport, il connaît bien les besoins des skieurs de haut niveau et s’efforce d’y répondre au mieux. Néanmoins, Cerro Castor n’est pas réservée aux seuls compétiteurs. Tous les skieurs peuvent venir y profiter d’infrastructures de qualité, avec huit remontées mécaniques modernes, le tout dans des paysages qui ne sont pas sans rappeler ceux des Alpes. Le domaine skiable s’étend sur près de 30 kilomètres, de 195 m pour le bas de la station jusqu’à 1057 m (seulement !) pour son sommet. Un beau terrain de jeu, au décor agréable.

À quelques 2 140 kilomètre de là se trouve un autre « Cerro », Cerro Catedral, une station située à Rio Negro, près de San Carlos de Bariloche. C’est la dernière station argentine à avoir accueilli, en 2017, une étape de la Coupe du monde de snowboardcross. C’est alors la Française Chloé Trespeuch, double médaillée olympique toujours sur le circuit, qui avait remporté l’épreuve. Pour des raisons en partie économiques, la fédération internationale de ski a délaissé l’Amérique du Sud pour la Coupe du monde de la discipline. Mais Cerro Catedral figure toujours au calendrier du ski alpin avec des courses de la Coupe d’Amérique du Sud, la SAC, pas dénuées d’intérêt pour les coureurs qui peuvent y gagner de précieux points. Outre ces considérations sportives, Cerro Catedral séduit par sa modernité. C’est en effet la station la mieux équipée en remontées mécaniques (36 en tout), pour le bonheur des fans de glisse qui apprécient également la variété de pistes (au nombre de 60), pour tous les niveaux et toutes les envies. La station, située de 1 030 à 2 180 mètres d’altitude, est aussi l’un des rares domaines du continent à disposer d’un véritable village, bien doté en infrastructures et où il fait bon se reposer après une journée sur les pistes.

Une école de ski à Cerro Catedral (© CarlosJBJ via Wikimedia Commons)

Autre spot apprécié des amateurs de ski et des athlètes français, mais finalement peu des autres grosses équipes nationales, Las Leñas fut l’une des premières bases d’entraînement des tricolores en Argentine. « C’est la pampa, dit à son sujet Xavier Fournier-Bidoz. La station est top avec une super piste pour la descente ». Proche de la frontière chilienne, Las Leñas se trouve dans la province de Mendoza. Elle est effectivement difficile d’accès, car bien cachée dans la montagne. Sa réputation doit notamment au hors-piste, auquel se prêtent ses paysages, et à sa vie nocturne palpitante en dépit de son isolement. Avec 52 kilomètres de pistes et 13 remontées, la station convient néanmoins aux moins fêtards qui veulent juste profiter de pistes agréables et bien entretenues, dont l’une offre une descente de près de 7 kilomètres !

Las Lenas (© dlargentina via Wikimedia Commons)

La petite station de Perito Moreno, située à 25 km d’El Bolson en Patagonie, mérite elle aussi de figurer dans la présente sélection. Depuis la fin du Covid, elle connaît un nouvel essor sous l’impulsion d’un investisseur belge et d’un responsable espagnol. La station est notamment devenue le camp de base estival du « team Orsatus », une structure privée savoyarde qui entraîne désormais de nombreux jeunes athlètes de France et d’ailleurs. La station est aussi le théâtre de plusieurs courses de la FIS, figurant parmi les premières sur le calendrier international. Perito Moreno ne compte que 8 remontées, mais sa taille limitée contribue à son charme et à son atmosphère conviviale. La station, qui ne recourt à aucune neige artificielle, revendique d’ailleurs une dimension familiale, avec des activités complémentaires du ski alpin pour petits et grands : ski de randonnée, raquettes, balades en chiens de traîneaux… Le tout dans un beau décor où les forêts enneigées occupent une jolie place. « C’est une station un peu à l’ancienne, avec un petit camp de base en bas de piste, où l’on retrouve un magasin de location et une buvette », raconte Pierre-Yves Albrieux, l’un des entraîneurs d’Orsatus et ancien coach des équipes de France féminines, dans le Dauphiné. En l’absence de canon, la pratique du ski reste parfois aléatoire car soumise aux conditions climatiques. Mais quand celles-ci sont bonnes, les athlètes de passage profitent d’une magnifique piste d’entraînement et de panoramas grandioses.

Impossible d’évoquer le ski argentin sans mentionner une autre station prisée des familles, Chapelco. Située à San Martín de los Andes, dans la province de Neuquén, elle offre une vue imprenable sur les forêts de hêtres blancs, l’eau turquoise du lac Lácar et les neiges éternelles du stratovolcan Lanín, star incontournable du Parc National du même nom. Outre ces panoramas uniques, typiques des Andes, Chapelco est appréciée pour ses pistes qui conviennent à tous les goûts, tous les niveaux et toutes les pratiques, que l’on préfère le ski alpin ou le snowboard. La station compte notamment des pistes réservées aux enfants, ainsi qu’un snowpark bien équipé en boîtes, rails et autres kickers. En tout, le domaine s’étend sur 45 kilomètres, de 1 230 m à 1 970 m d’altitude, avec 27 kilomètres de pistes, 12 kilomètres de hors-piste et un système de remontées mécaniques plutôt pratique. De belles infrastructures dans un beau décor, en somme.

Un pratiquant de snowboard en Patagonie argentine

Dans la province patagonienne de Neuquén, on trouve aussi la station de Caviahue, installée sur la pente orientale du Mont éponyme. Moins réputée que d’autres, elle fait pourtant figure de petit paradis de la glisse avec ses 25 kilomètres de domaine skiable, ses 11 remontées mécaniques et son altitude, 2 068 m, qui lui vaut un niveau d’enneigement souvent appréciable. Plus abordable et moins cotée que d’autres stations argentines, Caviahue mise sur les jolies vues qu’offrent ses pistes sur le lac du même nom, en forme de fer à cheval, et le volcan Copahue, dont on peut parfois percevoir les grondements nocturnes du seul cratère encore actif. Une sensation certes impressionnante, mais qui laisse à ceux qui la vivent un souvenir mémorable…

Les amateurs de ski trouvent à la station de Los Penitentes, dans la province de Mendoza, deux atouts majeurs qui lui valent de figurer ici : des hébergements et des forfaits moins chers que la moyenne des spots argentins, d’une part, mais aussi des vues époustouflantes qui immergent les fans de glisse dans un décor et une ambiance typiquement andins. Pour résumer, la station créée en 1978 attire moins les adeptes des complexes hôteliers all inclusive que les férus d’aventure, lesquels apprécient ici les belles pistes de poudreuse et l’ancrage bien local. Le ski alpin se pratique à Los Penitentes de mi-juin à mi-septembre, à une altitude allant de 2 580 à 3 380 m, en profitant d’un peu plus de 25 kilomètres de pistes et de 7 remontées mécaniques. Une valeur sûre pour les amoureux de la montagne et un spot bien coté auprès des skieurs exigeants !

Dernière station de cette liste évidemment non-exhaustive : Cerro Bayo. Elle aussi située dans la province de Neuquén, Cerro Bayo est la station de la ville voisine de Villa La Angostura, où se concentrent d’ailleurs les hébergements. Située à 1 730m, cette station disposant de 12 kilomètres de pistes (24 en tout, mais pas de piste noire) et 16 remontées pour en profiter offre d’incroyables vues sur le lac Nahuel Huapi et la région tout autour. Cerro Bayo jouit en outre d’une réputation branchée et tendance, ce qui ne l’empêche pas d’attirer des familles en quête d’un environnement naturel privilégié et des adeptes du freeride qui trouvent ici un beau terrain de jeu.

Jour de grande affluence à Chapelco ! (© Gustavo Muñoz Clos via Wikimedia Commons)

Cinq stations chiliennes dont il fait bon dévaler les pentes
Comme évoqué plus haut, l’équipe de France de ski vient également s’entraîner au Chili pour préparer chaque nouvelle saison dans les meilleures conditions. Ses membres ont longtemps fréquenté Portillo, aujourd’hui écartée de la liste des camps de base tricolores en raison du coût des séjours. Pour autant, d’autres équipes parmi les meilleures au monde, à l’image des Américains, des Autrichiens ou des Suisses, viennent encore profiter de la plus ancienne station d’Amérique latine. La création de Portillo remonte en effet au milieu du 20ème siècle, coïncidant avec la volonté d’alpinistes toujours plus nombreux de gravir les sommets de la cordillère des Andes. Son domaine skiable est ainsi accessible depuis 1949, même si la station dans sa forme plus aboutie n’a réellement vu le jour qu’en 1961. Située sur les rives de la laguna del Inca, à 2 870 m d’altitude, Portillo a acquis une réputation internationale cinq années plus tard, en 1966, avec l’accueil des Championnats du monde de ski alpin. Les premiers, mais aussi les derniers, à se tenir sur le continent sud-américain ! Les Français avaient alors réalisé une razzia, avec 16 médailles (sur 24 possibles) dont 7 en or, et les victoires de Jean-Claude Killy, Marielle Goitschel, Annie Famose ou Guy Périllat, entre autres gloires de l’époque.

Portillo, au Chili

Située dans la province de Los Andes, dans la région de Valparaíso, Portillo compte aujourd’hui 35 pistes de ski alpin, que desservent 14 remontées mécaniques. Elle bénéficie d’une bonne réputation auprès des skieurs les plus experts en raison de ses pentes extrêmement raides et sa bonne qualité de neige. Les pistes de Portillo ont également assisté à un autre exploit français en 1987, lorsque le skieur tricolore Michael Prufer battit ici le record de vitesse en descente, l’établissant alors à 223,741 km/h (contre 255,500 km/h aujourd’hui, tout de même, mais un record encore détenu par un Français, Simon Billy). Portillo doit aussi sa renommée à ses paysages spectaculaires et la beauté de son cadre, donnant sur la cordillère des Andes, qui constituent à eux seuls une attraction majeure. Toutefois, et comme déploré par le staff de l’équipe de France de ski, ce décor a un prix qui rend la destination un peu exclusive. La faute, en partie, à la présence d’un seul établissement hôtelier sur place (un vaste complexe 4* aux nombreux équipements et à l’ambiance « all-inclusive »), et la relative proximité de la capitale Santiago, qui se trouve à moins de 3 heures de route. Reste que Portillo offre de très belles prestations qui en font une station de ski d’excellence.

Au Chili, on peut aussi skier dans les traces des meilleurs descendeurs Français en se rendant à Nevados de Chillán, près de la ville de Chillán, à plus ou moins 5 heures de route (vers le sud) de Santiago. La station est connue pour ses thermes, dont les eaux sont à 38° en permanence, ses volcans qui font parfois s’inviter la fumée et la cendre sur le manteau blanc, et bien sûr ses pistes, dont les installations intéressantes permettent la pratique d’un ski varié entre couloirs, half-pipes naturels et ravins. « Comme on est plus près de l’océan Pacifique, les conditions sont plus changeantes », observe le coach de ski français Xavier Fournier-Bidoz, qui a déjà constaté que les précipitations pluvieuses ou neigeuses pouvaient, sur place, durer plusieurs journées. Nevados de Chillán affiche néanmoins des conditions d’enneigement enviables durant toute la saison, qui attirent notamment les skieurs de l’équipe de France mais aussi leurs homologues canadiens ou américains. Sur place, rien de tel que de conclure une journée passée à rider entre les arbres, sur les 35 kilomètres de pistes qui s’échelonnent de 1 600 à 2 700 m, par une baignade délassante dans les sources chaudes thermales réparties dans toute la station.

© 2023 | Nevados de Chillán

Autre station chilienne agréable, La Parva figure parmi les spots préférés des protégés de Xavier-Fournier-Bidoz. Dernière station de ski de « Tres Valles », sorte d’équivalent local du domaine des Trois Vallées, dans les Alpes françaises, dont on peut profiter des différentes stations avec un pass commun, La Parva est prisée des touristes mais aussi des habitants de Santiago. La station ne se trouve en effet qu’à 1h30 de route de la capitale chilienne, ce qui permet d’y venir pour une journée ou un week-end de glisse. Cette proximité a incité certains Santiaguinos aisés à investir sur place, expliquant l’ambiance haut-de-gamme qui règne ici. Mais La Parva séduit aussi en raison de son altitude, souvent synonyme de bonne neige et de poudreuse fraîche. Un graal pour tout skieur ! S’ajoutent à cela des couchers de soleil souvent magnifiques, avec une vue plongeante sur la ville, de bonnes conditions pour la descente – d’où la présence fréquente de descendeurs français, allemands, autrichiens, italiens et norvégiens en pleine préparation –, mais aussi quelques opportunités de ski nocturne et de hors-piste pour les skieurs en quête d’expériences uniques. Autant d’atouts qui font de La Parva une station cossue mais plaisante, dont deux voisines valent également le détour : El Colorado (fréquentée par l’équipe de France handisport à l’été 2024) et Valle Nevado, justement présentées ci-dessous l’une et l’autre.

Jeunes skieurs à La Parva (© Saint Ex via Wikimedia Commons)

Relié aux stations voisines de La Parva et El Colorado, Valle Nevado fait partie de l’un des plus grands domaines skiables d’Amérique du Sud. Considérée par certains comme la meilleure des trois stations, c’est en tout cas la plus grande, avec un domaine skiable de 40 kilomètres et 14 remontées pour jouir des pistes longues, larges et bien sinueuses, réparties entre 2 860 et 3 670 m. Les familles aiment s’y retrouver pour un séjour au pied du Cerro El Plomo, sous le signe de la neige et de la glisse, en partie en raison des bonnes conditions de neige dues à l’altitude et de la taille du domaine qui permet d’accueillir des skieurs de tout niveau. Valle Nevado compte en outre de nombreux bars, restaurants et activités annexes – snowpark, half-pipe, ski acrobatique, saut à ski et même héliski –, en plus d’une capacité hôtelière de plus d’un millier de lits.

C’est El Colorado qui vient conclure ce mini-tour du Chili des grandes stations de ski. Moins riche en infrastructures que ses deux voisines décrites précédemment, El Colorado en tire une tranquillité bien appréciable, avec des pistes plus calmes, moins d’attente aux remontées et de la neige plus fraîche, moins tassée par l’effet d’une fréquentation intensive. Parce qu’elle comporte deux domaines skiables, Villa Farelonnes et Villa Colorado, la station offre aux skieurs, principalement débutants ou intermédiaires, une cinquantaine de kilomètres de pistes à arpenter sans modération. La station, organisée autour du Cerro Colorado, s’étend entre 2 430 et 3 333 m d’altitude et compte plus d’une vingtaine de remontées mécaniques pour accéder à ses nombreuses pistes, qui attirent une clientèle locale souvent jeune et familiale. La plupart des activités proposées sur place sont adaptées aux personnes à mobilité réduite, mais aussi aux non-skieurs, qui peuvent ici s’essayer à la luge, aux raquettes ou encore au tubbing, une piste que petits et grands dévalent sur une bouée gonflable. Autant de manières d’apprécier la montagne autrement, et qui contribuent à faire d’El Colorado l’une des stations les plus populaires du Chili.

En tout, l’Argentine et le Chili comptent chacun une vingtaine de domaines skiables, qu’il est impossible de lister ici de manière complète mais que les ressources officielles référencent : ici, sur le site de Visit Argentina, et là sur le site de Chile Travel. Lequel consacre d’ailleurs une page à un autre sport de glisse qui offre une alternative estivale au ski : le surf sur sable !

D’autres options pour pratiquer le ski en Amérique latine

Si l’Argentine et le Chili peuvent se targuer de disposer des seuls domaines skiables d’Amérique du Sud, il n’en reste pas moins possible de pratiquer le ski autrement et ailleurs dans d’autres pays du continent. Ainsi en Équateur, certains recourent à la randonnée pour monter à plusieurs milliers de mètres d’altitude, sur les hautes montagnes andines, avant de skier en dehors des sentiers battus. La montagne skiable la plus connue du pays est en réalité un volcan du nord du pays, le Cayambe, situé dans la région de Pichincha et dont la dernière éruption remonte à 1786.

Le volcan Cayambe, en Équateur (© amalavida.tv via Wikimedia)

On peut procéder de la même manière en Colombie, sur la Sierra Nevada de Santa Marta – classée par l’UNESCO réserve de biosphère et site du patrimoine mondial –, l’une des chaînes de montagnes les plus au nord de l’Amérique du Sud. Là encore, les alpinistes ayant l’expérience suffisante pour faire une ascension en ski de randonnée peuvent ensuite retirer les peaux de phoque de leurs spatules et descendre les flancs enneigés. Notez toutefois que les montagnes colombiennes, concentrées dans la région Nord de la caraïbe colombienne, atteignent pour certaines 5 700 m d’altitude. Une sacrée ascension, qui n’est par conséquent pas accessible au premier fan de glisse venu…

Le Pérou a quant à lui une longue histoire de ski, notamment autour de la ville de Huaraz et près du Huascarán, point culminant du pays (6 768 m). Ce dernier peut être skié par des alpinistes chevronnés, capables d’affronter de nombreux défis au premier rang desquels la très haute altitude. En 1979, une poignée de skieurs canadiens et français se sont affrontés dans le cadre d’une course jusqu’au sommet, afin d’être les premiers à effectuer la descente en ski. C’est le Français Patrick Vallençant, pionnier du ski extrême, qui arriva le premier. Sa descente est relatée en images sur le Web, comme sur ce bref film disponible sur YouTube. Ce défi n’étant néanmoins pas donné à tous, les skieurs moins extrêmes bien qu’aguerris et tolérants aux hautes altitudes peuvent se consoler avec le festival de l’andinisme qui se tient chaque année sur les pentes de la Callejón de Huaylas, à Huaraz. Une grande fête du sport en altitude, où l’on pratique quelques jours durant le ski et le snowboard, entre autres disciplines parmi lesquelles l’escalade ou le VTT.

Festival de l’andinisme (Photo extraite du site NotiViajeros)

Enfin, certains se rappelleront que la Bolivie a accueilli, jusqu’en 2009, le domaine skiable le plus élevé du monde, Chacaltaya, situé au-dessus de La Paz à quelque 5 200 m d’altitude. Le petit champ de neige a malheureusement fondu, cédant ce statut à un domaine skiable chinois… La Bolivie n’a toutefois pas perdu ses montagnes et demeure, à ce titre, une destination renommée auprès des amateurs d’alpinisme.

Vous verrez prochainement qu’en matière de glisse, la neige, comme l’eau, ne sont pas des impondérables… La preuve avec le skateboard, une discipline devenue olympique sans jamais avoir tout à fait quitté la rue. Il s’agit alors de troquer l’air de la cordillère des Andes pour le bitume des villes, terrain de jeu favori des skateurs. Voilà qui constituera le thème de notre 5ème volet, lequel conclura « comme sur des roulettes » ce copieux dossier thématique consacré à la glisse en Amérique latine et les Caraïbes, et à ses formes les plus variées

1 Au 10/10/2024 : record établi à Vars (Hautes-Alpes) le 22/03/2023