Fleuves d’Amérique du Sud (Suite)

Nous avons parlé précédemment des plus importants cours d’eau d’Amérique Latine, mais nombreux sont les fleuves qui, en Amérique, peuvent, se prévaloir d’un parcours d’une longueur exceptionnelle. L’Amazone et le Nil sont les deux plus longs fleuves du monde, viennent ensuite, en Chine, le Yangzi Jiang, puis le Mississippi. Les plus longs cours d’eau d’Amérique Latine sont originaires de l’Amérique du Sud. Intéressons-nous aujourd’hui à ces autres grands cours d’eau, à ces affluents qui ont contribué à l’importance des plus grands fleuves. C’est le cas de l’Amazone qui reçoit les eaux du Río Negro, 2.250 km, du Madeira, 4.207 km, de tous les indépendants, comme le Tocantins qui parcourt le Brésil sur quelques 2.659 km. D’autres ont leur légende, tel le río Magdalena, en Colombie, d’aucun sont fiers de la longueur de leur cours, plus de 2.500 km, comme le rio Caquetá, qui devient Río Japurá au Brésil, le Tapajos, et tant d’autres. Chaque pays respecte et vénère ses propres fleuves, respecte leurs richesses hydrauliques, dont ils essaient en bonne harmonie avec leur voisins, de tirer le meilleur parti.

Argentine

argentine-2.jpgLe fleuve Río Negro est le cours d’eau le plus long de l’Argentine. Par son débit, il est le troisième fleuve argentin, après le Paraná et l’Uruguay. Long de 1.135 km c’ est un fleuve généreux et bienfaisant, tout au long de son parcours il arrose les provinces du Río Negro et de la Pampa et leur offre une vallée fertile qui produit 70% de la richesse en fruits et légumes, poires, pommes, raisins, tomates. La Haute vallée du Rio Negro possède un climat continental, avec des hivers froids, des étés secs, chauds et ensoleillés, ce qui favorise la production d’un vin riche et solide. À la fin du XIXe, pendant « La Conquête du Désert », le fleuve marquait la frontière entre les territoires peuplés d’Européens et les Indiens appelés « Indios bravos » qui peuplaient la Patagonie et le Chaco.

Brésil : Bien que plus des deux tiers du pays soient drainés par deux géants, l’Amazone et le Tocantins, le Río de la Plata et ses affluents irriguent aussi un cinquième du pays ; le São Francisco joue un rôle important, puisqu’il fertilise la région la plus prospère du Nordeste. L’ensemble formé par l’Amazone, ses affluents et ses diverses ramifications, représente un système de navigation fluviale très important. En marge des grandes voies navigables du pays, impossible de ne pas parler d’une des particularités les plus intéressantes, la fameuse plaine du Pantanal, dans l’ouest du Mato Grosso do Sul. Cette plaine, baignée par le Rio Paraguay et ses affluents, est entièrement inondée tous les ans pendant six mois, de novembre-décembre à mai. Elle abrite, à la fois de riches prairies et des savanes. C’est l’une des plus grandes zones humides de la planète, elle constitue, au même titre que la forêt amazonienne, une partie importante de la biosphère. Le Pantanal est très prisé des touristes, et particulièrement des passionnés de sciences naturelles, qui y découvrent l’incroyable biodiversité du plus grand marais du monde.

Chili

chili-2.jpgLes nombreux fleuves qui irriguent le Chili prennent leur source dans les Andes et se jettent à l’ouest dans le Pacifique. Au nord et au centre, ils sont alimentés principalement par les neiges éternelles des Andes. Si la navigation est difficile sur ces cours d’eau, par contre ils sont vitaux pour l’irrigation et l’énergie hydro-électrique du pays. Pour la plupart, ils sont courts. Parmi les plus grands, le Loa, 440 km, l’Elqui, l’Aconcagua, et le Maipo, chacun long de 250 km. Ils coulent au pied du volcan qui porte leur nom ; citons encore le Maule, 282 km, le Bío Bío, 384 km. Le Loa traverse une grande partie du désert d’Atacama. Sur son lit supérieur, il est bordé, de part et d’autre, de chaînes montagneuses, d’un côté elles atteignent 4 500 mètres, et sur l’autre rive, les volcans San Pedro et San Pablo, se dressent à plus de 5 000 mètres d’altitude. Le fleuve Elqui, donne son nom à la vallée agricole, qu’il sillonne, parmi des collines recouvertes de vignes. Le Maipo, voisin de la capitale Santiago, fournit près des trois quarts de l’eau potable de la capitale et 90 % de l’eau pour l’arrosage. Le Maule, est lié à toute l’histoire du pays, depuis l’époque inca, jusqu’au Chili moderne, en passant par la conquête, la colonisation, l’indépendance, l’évolution de l’agriculture et notamment de la vigne, L’Aconcagua qui nait dans le massif du Juncal, à 6.610 mètres d’altitude, baigne la région de Valparaiso, et participe grandement à la richesse naturelle du Chili. La vallée jouit d’une lumière exceptionnelle et de peu de précipitations, permettant une teneur en sucre appropriée dans la vigne, ce qui en fait la première région viticole du pays.

Bolivie

bolivie-2.jpgPrivée de son accès à la mer par la guerre avec le Chili, dite « Guerre du Pacifique ou guerre du salpêtre, elle est l’un des deux seuls pays du continent, à l’instar du Paraguay, à ne pas y avoir accès. La Bolivie, c’est aussi l’Altiplano, avec au milieu le Lac Titicaca, la plus grande étendue d’eau du continent sud-américain. Le plus important des fleuves de Bolivie est le Madeira, affluent d l’Amazone et l’un des affluents les plus longs du monde, 4 200 Km. Sa source la plus lointaine se situe au milieu du plateau bolivien à l’ouest du Cochabamba. Il existe un projet d’aménagement du Madeira, très controversé, comme le furent ceux d’Itaipu et aujourd’hui celui du San Francisco. Il vise à faciliter la navigation pour les uns, en noyant les rapides qui entravent les communications, à produire de l’électricité pour le Brésil, à développer les intérêts économiques des trois pays répartis sur son immense bassin d’une superficie de 850.000 km2. Il s’agira de centrales, de puissances totale très supérieures, à celle du rio Paraná à Itaipu et du Yangzi Jiang au barrage des Trois Gorges. 
Les trois autres plus grands fleuves de Bolivie , sont le Mamoré, le Beni et le Madre de Dios. Par le nord, au Brésil, ils rejoignent le Río Madeira, pour se jeter ensuite dans l’Amazone. La navigation est fréquente sur les rivières voisines du Beni et du Mamoré, des bateaux de passagers et de marchandises circulent, mais la navigation peut être interrompue pour cause de rivières trop basses.

Paraguay

paraguay.jpgNous avons déjà parlé du Rio Parana, l’un des plus grands fleuves du monde. Vient ensuite son principal affluent, le Río Paraguay, qui prend sa source dans le Mato Grosso. Il baigne la capitale Asunción, la relie à Concepción, traverse le grand parc du Pantanal, parc qui s’étend exclusivement dans le bassin du río Paraguay, avec la plus grande partie au Brésil, dans l’Etat du Mato Grosso, et une plus petite portion en Bolivie et au Paraguay. Il sert de voie royale pour les transports, le commerce et le tourisme, fournit de l’irrigation aux agriculteurs qui vivent le long de son cours, assure des revenus aux pêcheurs qui vivent dans son voisinage. 
Les bateaux de tourisme naviguent parmi de très beaux paysages ; à certaines époques de l’année, ils poursuivent leur navigation et emmènent les touristes jusqu’au fabuleux Pantanal, pour une visite passionnante. Du Pantanal, ils ont aussi la possibilité de poursuivre leur voyage au Brésil ; un autre itinéraire, au départ de Concepción, les emmène visiter les fameuses missions jésuites qui datent du XVIe ; les paysages à découvrir sont magnifiques.

Perú

perou-2.jpgC’est dans ce pays, dans la cordillère des Andes, que le grand fleuve Amazone prend sa source, ainsi que ses deux affluents géants le Marañon et le Ucayali, et tous les autres fleuves du pays. Ils sont tous très différents, limpides, troubles, beaux, et adaptés aux loisirs, navigables, violents et même sacrés comme le Vilcanota qui irrigue la Vallée Sacrée des Incas. 
Si l’on prend en compte la séquence du Ucayali, Tambo-Ene-Apurímac, le Ucayali, est plus long que le Marañon, 2 670 km, contre 1 570 km, mais le bassin du Marañon est plus vaste et a été sacré branche mère de l’Amazone. Né dans les Andes à 5.800 mètres, ce petit ruisseau, source hydrologique du grand Amazone, rencontre le río Nupe, et devient le Marañon. Il poursuit sa course jusqu’au confluent de l’Ucayali, reçoit de grands affluents qui multiplient son débit par quatre ; après 1 600 km, il fusionne avec le Ucayali. Ensemble, ils donnent naissance à l’Amazone. Le Ucayali et le Marañon, captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la cordillère ; du versant occidental descendent de nombreux petits fleuves. L’un d’entre eux, le Río Rimac, considéré comme le plus important, malgré son faible débit, et la petite taille de son bassin, parce qu’il approvisionne en eau la capitale Lima, il s’agit d’un problème critique des dernières décennies, lié à l’explosion démographique.

Equateur

equateur-2.jpgLe Río Napo est une rivière de l’Équateur et du Pérou, long de 1075 km, il prend sa source en Equateur, sur les volcans Antisana et Cotopaxi, et poursuit son cours au Pérou. C’est un affluent de l’Amazone, navigable sur environs 350 km sur de petites embarcations. Il y a une dizaine d’années, les deux pays, Equateur et Pérou, ont signé un accord bilatéral visant à prolonger la navigabilité du Napo, jusqu’à 800 km, en vue développer les échanges commerciaux entre le nord du Brésil et le Pérou, l’Équateur et la Colombie. 
À partir de la petite ville de Coca, en plein cœur de l’Amazonie, qui vit au rythme de l’exploitation du pétrole dans la région, de nombreux lodges ont été aménagés, base d’une activité touristique naissante, mais qui néanmoins ne rivalisera jamais avec l’industrie pétrolière. On peut encore s’offrir quelques moments d’exception, de belles promenades sur les douces rivières, à bord de petites embarcations, qui filent cachées sous les épaisses frondaisons : Écouter la vie de la jungle, sa musique, les chants incomparables des oiseaux, Voilà ce à quoi l’on peut encore rêver.

Colombie

colombie-2.jpgD’importants cours d’eau sillonnent la Colombie. Le Magdalena est le principal d’entre eux, viennent ensuite les fleuves Cauca, Caquetá, Putumayo, Guaviare, Meta et l’Atrato. L’Orénoque sépare la Colombie du Vénézuela sur une distance de 250 km. 
Le Río Magdalena. Long de 1 558 km dont 1 230 sont navigables sans interruption à des degrés différents. Il suit le chemin qui lui est tracé entre la cordillère centrale et la cordillère orientale. Il est rejoint par son principal affluent, le Cauca, avant de se jeter dans la mer des Caraïbes, près de Barranquilla. Il prend sa source dans le département du Huila, près de Neiva. Il est la plus grande voie commerciale du pays et la grande source d’énergie hydroélectrique, tout en ayant préservé la grande beauté du paysage naturel. Il est le fleuve andin le plus long de l’Amérique du Sud, reçoit les eaux de quelques 500 affluents et de plus de 5 000 ruisseaux. Il baigne la belle ville coloniale de Mompox, jadis prospère, qui joua un grand rôle dans l’expansion espagnole sur le nord de l’Amérique du Sud. La ville déclina à partir du XIXe, le fleuve changea son cours pour des causes naturelles, provoquant la baisse de son activité commerciale et sociale. C’est aussi un fleuve de légende, c’est lui qui acheminait les marchandises venus des autres continents, notamment les pianos, qui terminaient en ce début du XXe leur route à Bogota à dos de mules. 
Le Río Cauca, prend sa source dans le « Massif Colombien » et se dirige vers le nord pour déboucher dans le Magdalena. Long de 1 350 km, dont 620 sont navigables, c’est le deuxième cours d’eau en importance du pays. Le Río Caquetá nait dans la Cordillère des Andes. En arrivant au Brésil il prend le nom de Japurá. Long de 2 420 km il est un affluent important de l’Amazonie. Il est difficilement navigable, seulement entre les rapides. Le Río Putumayo, long de 1930 km, prend sa source dans les Andes colombiennes, près de Pasto. C’est une voie de transport très importante, navigable sur presque tout son parcours. Il parcourt la Colombie, l’Equateur, le Pérou et le Brésil. Le Río Guaviare, long de 1 350 km, se jette dans l’Orénoque. Le Río Meta est la principale rivière des plaines orientales colombiennes, avec ses 1 200 km de longueur. Il est formé de l’union des rivières Humea,Guayuriba et Guatiquia dans le département du Meta et finit sa course dans l’Orénoque. Le Fleuve Atrato possède le plus grand débit des cours d’eau de Colombie. Il prend sa source dans la Cordillère occidentale et se jette dans la mer des Caraïbes, après un parcours de 700 km.

Venezuela

orenoque-2.jpgNous avons déjà parlé du fleuve Orénoque, « fleuve du Venezuela et de Colombie », le fleuve de tous les superlatifs. Long de 2 140 m, il prend sa source dans le plateau des Guyanes, et se jette dans l‘Atlantique par le plus vaste delta au monde qui s’étend sur plus de 30 000 km2. L’Orénoque est l’un des fleuves ayant le débit le plus important au monde après l’Amazone et le Congo, son bassin est partagé entre le Venezuela et la Colombie. Il couvre près des quatre cinquièmes du Venezuela et un quart de la Colombie, il traverse tantôt une forêt tropicale impénétrable ou une vaste région de savane, de plaines, les « llanos ». Les richesses de sa faune et de sa flore sont considérables.