Les îles et Presqu’îles insolites (2eme partie)

Dans la précédente newsletter, nous avons parlé des Îles d’Amérique Latine vraiment insolites. Outre leur beauté intrinsèque, qui les classent parmi les beaux sites touristiques, elles apportent de nos jours, une véritable contribution à la science, eu égard à leurs extraordinaires richesses naturelles et marines. Elles sont d’ailleurs toutes inscrites au patrimoine de l’Unesco. C’est aussi le cas de la Péninsule de Valdés, une presqu’île, pas une île, pour laquelle nous ferons une exception, car elle est la gardienne des mammifères marins pour le compte de la planète. Les îles du Lac Titicaca, abritent des peuples issus d’anciennes civilisations qui, elles aussi, sont les gardiennes des traditions ancestrales.
Mais il y a aussi de très belles îles que les pays ont mis en valeur, qu’ils ont doté d’infrastructures, tout en protégeant leur environnement. Ces îles sont devenues de merveilleux lieux de vacances et d’évasion, très appréciés. Citons parmi les plus connues, les îles Roatan au Honduras, Cozumel et la Isla Mujeres au Mexique, San Andrés y Providencia en Colombie, Santa Catarina au Brésil, l’île Margarita au Venezuela.

Argentine

argentine.jpg La Péninsule ou presqu’île de Valdés. Comme son nom l’indique la péninsule de Valdés n’est pas une île, mais sa faune marine mérite de faire une exception. Située en Patagonie dans la province de Chubut, elle est unie au continent par l’isthme Carlos Ameghino. Véritable paradis pour les naturalistes, cette réserve unique en Amérique du Sud, est d’une importance mondiale pour la préservation des mammifères marins de plusieurs espèces menacées. On y trouve notamment des dauphins, des lions de mer, des loups de mer, des éléphants de mer, des baleines australes franches, et des orques. On peut les observer de mars à décembre, mais la meilleur période est en septembre. Plus au sud, à Punta Tombo, les pingouins de Magellan arrivent au mois d’août, afin de préparer leur nid et élever les petits jusqu’à l’automne. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et protégée par la convention de Ramsar.

À Peninsula Valdés, la vedette revient à la baleine franche, dont il y a ici la plus grande concentration mondiale. Elle se distingue des autres baleines, par sa gueule qui est ornée d’énormes callosités où se fixent des crustacés parasites. En hiver, notamment en septembre, elles peuvent être vues à l’époque de la reproduction, et en décembre on peut voir les bébés avec leurs mères. De couleur grise, elles mesurent de 13 à 17 mètres et pèsent jusqu’à cinquante tonnes, elles se nourrissent de plancton. C’est ici le meilleur endroit au monde pour les observer, et la meilleure façon de les voir de près, est d’être à bord d’un bateau. Elles passent sous la coque, bondissent hors de l’eau, respirent et replongent, c’est un moment exceptionnel, on peut aussi les voir de la plage del Doradillo. Leur observation est l’une des principales activités touristiques.

Venezuela.

venezuela.jpg L’Île Margarita, surnommée « la Perle des Caraïbes », est une petite île montagneuse, à quelques quarante kilomètres de la terre ferme, avec une population d’environ 420 000 habitants, on y accède en avion ou en ferry. C’est l’une des principales destinations touristiques du pays, avec ses villages traditionnels, ses plages de sable fin, bordées de cocotiers, son agréable climat, ensoleillé toute l’année, à l’abri des cyclones. On y pratique le windsurf, la plongée sous-marine, et de belles promenades à cheval.

L’île fut découverte vers la fin du XVe par Christophe Colomb, qui lui donna son nom, en l’honneur de l’infante d’Espagne Marguerite d’Autriche, jeune épouse du prince Jean d’Aragon. Durant la période coloniale, l’île a subi les attaques des pirates, et a du se fortifier. La capitale, Asunción, conserve son caractère colonial ; le château de Santa Rosa, avec le Castillo de San Carlos de Borromeo, sont les deux forteresses qui témoignent encore de trois siècles de domination espagnole.

L’île Margarita est une zone franche, un paradis commercial pour l’ensemble de la région, permettant aux commerces d’offrir des produits à des prix très intéressants, un atout pour le tourisme, principale ressource. L’île est reconnue pour la qualité de ses plages, le choix est vaste, avec ou sans vagues, grandes ou petites, peuplées ou désertes, froides ou chaudes, elle reste une belle destination touristique.

Mexique

mexique.jpg Cozumel. Située à 20 km du continent, l’île de Cozumel s’étend sur quelques cinq cents kilomètres carrés, elle est la plus grande île du Mexique. Mise à la mode par Jacques-Yves Cousteau qui, dans les années 1960, découvrit la beauté du récif de corail et attira de nombreux plongeurs. L’île devint alors l’un des plus grands centres au monde de plongée sous-marine. Dix ans après, la construction d’un grand aéroport favorisa l’arrivée de vols internationaux, ce qui contribua au lancement de l’île. Aujourd’hui, de nombreux bateaux de croisière y font escale, mais c’est la plongée sous-marine qui attire encore le plus de touristes.

Les Mayas se seraient installés à Cozumel, au début du premier millénaire après JC. Pour les Mayas, Cozumel était l’île sacrée de Ix Chel, déesse de la lune. L’île a été découverte en 1518 par un Espagnol, Juan de Grijalva. L’année suivante, c’est Hernán Cortés qui y fit escale avec sa flotte, et détruisit à son passage une grande partie des temples. À cette époque, environ
40 000 personnes habitaient l’île. En 1570 une épidémie de variole ravagea l’île, ne laissant qu’une trentaine de survivants. Peu après elle fut abandonnée, et seuls les pirates s’en servaient comme base. En 1848, la guerre des Castes, qui sévissait sur le continent, indigènes contre blancs et métisses, amena de nombreux réfugiés qui fuyaient la violence.

Isla Mujeres. L’île « des Femmes » est une très petite île, de 8 km sur 1 km, située face à Cancun, proche de la barrière de corail des Caraïbes. L’île se consacre entièrement au tourisme. Comme toutes les Caraïbes, l’ile est soumise à de violents ouragans au moment de la saison humide. Ses nombreux sites de plongée sous-marine, réputés pour les coraux, sont très appréciés des plongeurs. D’aucun disent que l’île était à l’époque un lieu de culte maya, et qu’un conquistador espagnol, voyant de nombreux temples et des statues de femmes, l’aurait baptisée Isla Mujeres, une autre version nous apprend que l’île était le refuge de nombreux marins et surtout des pirates qui y laissaient leurs femmes pendant leurs équipées.

Honduras.

honduras.jpg Roatán. La petite île de Roatán, avec ses 60 km de long sur 8 km, est la plus grande des îles de la baie des Caraïbes. Située à proximité du plus grand récif de corail dans la mer des Caraïbes, au coeur d’une des grandes formations coralliennes du monde, Roatán est une destination incontournable pour les amateurs de plongée, ses eaux cristallines et ses récifs fascinants abritent une vie marine des plus diversifiées, inimaginable, et la mer y est très calme. Les couchers de soleil sur les plages y sont admirables, notamment à West Bay. Roatan est dotée d’une vie naturelle exubérante, c’est aussi une destination importante pour les bateaux de croisière.

L’île n’a pas toujours été aussi tranquille. Disputée par les Anglais et les Espagnol, pendant la période coloniale, elle est devenue, pendant la première moitié du XVIIe, un repaire de pirates. A cette époque, les boucaniers faisaient tout autour la pluie et le beau temps; parmi les plus célèbres, Henry Morgan et le capitaine John Coxen y ont laissé leurs empreintes, de nombreuses façades d’hôtels et enseignes des restaurants affichent encore leur nom. L’emplacement idéal de l’aéroport international de Roatán rend facile l’accès à ce petit paradis, unique en son genre.

Colombie

colombie.jpg San Andrés y Providencia. Ces îles enchanteresses, situées dans l’océan Atlantique, à 500 miles au large des côtes colombiennes, jouissent d’un climat frais dû aux brises marines. Recouverte d’une végétation tropicale, où prédominent cocotiers et manguiers, les plages sont d’un blanc argenté, et la faune aquatique qui peuple la mer environnante offre un intérêt particulier, c’est dans le gigantesque aquarium naturel, où les parois sont faites de coraux et de madrépodes géants, que l’on peut admirer de multiples variétés de poissons aux formes et aux couleurs surprenantes ; la pêche y est absolument interdite.

L’archipel des îles du Rosaire est un petit ensemble d’îlots, situé dans la mer des Caraïbes, à une heure de bateau de la ville de Carthagène. C’est un Parc Naturel qui appartient à la Nation, mais quelques îles ont été louées à des particuliers qui proposent des services de restauration et de logement. De beaux paysages et des eaux transparentes sont idéales pour la pratique de sports nautiques.

Panama

panama.jpg L’Archipel des îles San Blas , situé dans la mer des Caraïbes, au nord-est de l’isthme de Panama, il est formé de 365 îlots coralliens, dont seulement soixante sont habités et compte environ cinquante mille habitants.

C’est parmi ces récifs coralliens, véritable aquarium peuplé de tortues, crabes géants, langoustes et poissons multicolores, c’est parmi ces îles désertes, entourées de plages de sable blanc, baignées par des eaux turquoises, bordées de cocotiers, aux couchers de soleil idylliques, que nous allons à la découverte des indiens Kunas.

Ils sont d’origine amérindienne, peuplent les îles San Blas, et occupent aussi une bande de terre côtière au bord de l’Atlantique. Ils appellent leur territoire Kuna Yala, province exclusivement habitée et administrée par les Kunas. Ils ont des députés à l’assemblée nationale, ont conservé tout au long des siècles leur système économique, leur langue et leur culture. Ils habitent de petits villages constitués de huttes de bambous, aux toits en feuilles de palmiers. Ils vivent de chasse, de pêche, de la culture et de la récolte des noix de coco. 
La société Kuna est matriarcale et monogame. Les femmes continuent à perpétuer les traditions, elles portent des blouses ornées de dessins à thèmes, riches en couleurs, faits selon une technique de l’appliqué-inversé, appelée « mola ».
La fabrication des molas est tout un art, les dessins géométriques traditionnels disparaissent et font place à des dessins stylisés ; les femmes s’inspirent de leur univers, animaux domestiques et sauvages, fleurs, objets. Les couleurs de base les plus fréquentes sont le rouge, l’orange et le noir. Il faut de trois à cinq semaines de travail pour la fabrication d’une belle mola, et plus pour des pièces exceptionnelles. Si autrefois les molas étaient faites de plusieurs couches de tissu superposées, aujourd’hui sous la pression des touristes amateurs, la demande est croissante et les molas deviennent de plus en plus légères. Les pièces d’art sont très convoitées par les collectionneurs, bon nombre d’entre elles sont exposées dans les musées d’Amérique et d’Europe.

Pérou- Bolivie

bolivie.jpg Les îles du Lac Titicaca . Le Lac Titicaca, est niché dans les Andes, à une altitude de 3 812 mètres, il est le plus haut lac navigable au monde, et le plus grand d’Amérique du Sud en volume d’eau. Partagé entre le Pérou et la Bolivie, il héberge de nombreuses îles, les unes sont naturelles, peuplées de quelques milliers d’habitants, telles au Pérou les îles Amantani, Taquile, ou en Bolivie, l’Isla del Sol, la plus peuplée, avec cinq mille habitants, les autres sont flottantes, elles ont été créées par les antiques civilisations, fuyant les envahisseurs.

Les îles naturelles sont superbes, avec leurs cultures en terrasses, séparées par des murs de pierres sèches et des haies de cactus. Taquile est connue pour « son artisanat, de très grande qualité, et son art textile » inscrits au patrimoine culturel de l’Unesco. Le tricot est réservé aux hommes, les femmes se chargent du tissage, et cet art se reflète aussi dans l’éclat des costumes traditionnels.

Aux alentours, se trouvent les fameuses îles Uros, appelées ainsi à cause des premiers habitants les Uros, remplacés aujourd’hui par les Aymaras. Elles sont une quarantaine d’îles flottantes, de quelques centaines de mètres carrés, fabriquées avec des « Totora », un roseau très résistant, qui pousse dans les eaux bleues du lac. Cette plante végétale sert aussi à la construction de maisons, de bateaux, à la fabrication d’objets d’artisanat, on peut aussi se nourrir de la partie blanche de sa racine, qui est tendre et comestible. Chaque île abrite une quarantaine d’habitants, qui vivent de pêche et de chasse, notamment d’oiseaux aquatiques qu’ils troquent également sur la côte contre des denrées diverses ; depuis quelques temps, le tourisme est devenu une source de revenus non négligeables pour les habitants, qui sont attachés à gérer eux mêmes ces activités, espérant ainsi protéger leur mode de vie. Nombreux sont les touristes attirés par la beauté du lac, par son mystère, par la singularité et l’originalité des îles et de leurs habitants. Cette région est incontestablement l’une des régions d’Amérique Latine où la culture indienne est restée la plus vivante.