Les grands travaux en Amérique Latine

Après une longue pause, les grands travaux reprennent leur élan en Amérique Latine, et plus que jamais se projettent vers le monde extérieur. Le coup d’envoi avait été donné il y a un siècle et demi, avec l’inauguration du chantier canal de Panama, le 17 novembre 1869, en présence de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, et de François Joseph, Empereur d’Autriche.

Canal de Panama, son évolution

panama-2.jpg La construction du canal ne débute cependant qu’en 1881. Ce sont des banquiers et hommes politiques français qui développent le projet. Depuis cette époque, Européens, Espagnols, Portugais et Flamands s’intéressent de plus en plus à l’Amérique Latine et pressentent la très grande utilité de de canal. Quelques temps après son inauguration cet intérêt est largement confirmé. Une proposition d’élargissement du canal est présentée par l’Autorité du Canal (ACP) aux citoyens et largement approuvée le 24 avril 2006. Les travaux doivent s’achever fin 2016. Le but est de doubler la capacité du canal en y ajoutant deux écluses de plus grandes dimensions, afin d’accroître le trafic et le rendre plus fluide pour des navires de plus gros tonnage. Jusqu’ici le canal pouvait faire transiter des navires transportant 5.000 conteneurs : Récemment, le nouveau canal de Panama a accueilli le Bougainville, de la CGM-CMA, fleuron de la flotte française, l’un des plus grands du monde, capable de transporter jusqu’à 18 000 conteneurs.
Mais l’intérêt pour la destination ne s’arrête pas là, un nouveau projet de canal, visant à faciliter les échanges entre les océans Atlantique et Pacifique est en préparation, le canal interocéanique du Nicaragua.

Canal de Nicaragua

nicaragua.jpgOn en parle depuis plusieurs dizaines d’années ; les sceptiques donnaient ce projet pour abandonné. Mais, le 22 décembre 2014, la construction de ce nouveau canal est actée, avec l’accord signé par le gouvernement du Nicaragua et un consortium chinois. Le canal sera plus large et plus profond que celui de Panama, il permettra de laisser passer des navires plus modernes, de gros tonnage. Plusieurs itinéraires sont envisagés, mais celui qui est le mieux placé consiste à remonter le fleuve San Juan, jusqu’ à 34 mètres au-dessus du niveau de la mer : il reliera l’Atlantique, « Mer des Caraïbes », au Pacifique par le fleuve San Juan et le Lac Nicaragua. Le chantier devrait durer cinq ans.
Ce projet a été confié à la société HKND basée à Hong Kong et les travaux de construction devraient débuter incessamment, fin 2015. Il s’agit d’un projet pharaonique, avec différents trajets potentiels. Trente milliards d’euros d’investissements pour établir une nouvelle route maritime à travers le pays, longue de 286 km sur 520 mètres de large, en passant par l’immense lac Nicaragua de 8.264 km2. Outre ce canal, la construction d’un aéroport, de deux ports, de deux zones franches, d’un oléoduc et même d’une liaison ferroviaire entre les deux océans sont envisagées.
Pendant deux années un important travail a été réalisé par l’ERM, (Enterprise Risk Management) l’un des plus importants cabinets d’études, sur la viabilité de ce projet, actuellement l’un des plus ambitieux d’Amérique Latine. Il comprend notamment des études écologiques approfondies. Malgré de multiples études, le projet suscite encore de nombreuses craintes et critiques, dont la concurrence avec le canal de Panama n’est plus la principale cause. Il y a un risque de pollution. Le canal doit traverser le lac Cocibolca ou Lac Nicaragua, le plus grand lac d’Amérique Latine après les lacs Titicaca et Maracaibo et l’un des plus grands du monde en eau douce. Il constitue une importante réserve d’eau prisée pour la biodiversité et pour son usage par la population locale, pour sa consommation et l’irrigation des terres agricoles. La mise en service est prévue pour 2020, mais pour calmer les esprits, le Président Ortega, ajoute que cette échéance pourrait être revue dans l’attente de nouvelles études environnementales.
Un des autres obstacles est l’impact social, en tout premier lieu, le déplacement des populations, qui sera nécessaire, en commençant par celles des riverains. Pour le Président Ortega ce projet est un espoir de sortir le pays de la pauvreté qui touche 45% du pays. Dans un élan d’optimisme, il assure même que l’infrastructure du pays, aujourd’hui le deuxième pays le plus pauvre de la région, fera du Nicaragua la nation la plus riche d’Amérique Centrale.
En effet le contrat passé avec la société HKND va beaucoup plus loin que le simple canal : il existe de nombreuses perspectives d’infrastructures, très intéressantes économiquement, non seulement pour le Nicaragua, mais aussi pour les pays voisins, ne serait-ce que les transports ferroviaires inter Amérique Centrale.

Infrastuctures dans les Pays voisins

petrole.jpg Suite à la visite du Président chinois Xi, le 3 Juin dernier à Trinidad-Tobago, où il a rencontré les dirigeants de neuf pays caribéens, le président s’est notamment entretenu avec la présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla. Curieusement, sa visite coïncidait avec le sixième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Costa Rica, seul pays d’Amérique Centrale à avoir conclu des accords de coopération avec la Chine.
De nouveaux travaux sont déjà envisagés, portant sur 400 millions de dollars souscrits et financés par la Chine. Il s’agit notamment de la construction au Costa Rica d’une raffinerie de pétrole de plus d’un million et demi de dollars, soit 4% du PIB du pays. D’autres accords portent aussi sur l’éducation et le commerce.
L’arrivée de groupes chinois en Amérique Centrale, avec l’appui des gouvernements du Nicaragua, Costa Rica, Honduras, et avec le soutien de la population, est un évènement nouveau et qui n’ira pas sans changer la donne et remettre en question les relations internationales dans cette zone sous forte influence des Etats Unis.