Le tourisme d’aventure, chapitre 1

Se lancer à l’assaut des volcans de l’Equateur sur les traces de l’explorateur allemand Alexander von Humboldt, cavaler à travers la pampa argentine, descendre le rio Pacuare en rafting au Costa Rica… Depuis quarante ans, le tourisme d’aventure permet de parcourir la planète hors des sentiers battus. La plupart des tours opérateurs spécialisés avaient l’Afrique du Nord pour principal terrain de jeu. Mais le désert du Sahara est devenu en grande partie inaccessible en raison des troubles politiques. A l’image du rallye Dakar, émigré en Amérique du Sud depuis 2009, et dont l’édition 2015, au départ et à l’arrivée à Buenos Aires, en Argentine, s’est terminée mi-janvier, beaucoup d’entre eux développent treks, chevauchées et autres découvertes sur ce continent. Sélection, non exhaustive, de trois destinations parmi les nombreux incontournables.

Costa Verde au Brésil

bresil-3.jpg A 250 kilomètres au sud de Rio de Janeiro, sur la Costa Verde, le drapeau national porte haut sa couleur émeraude. Loin de l’effervescence urbaine, on se prend pour un conquistador, 500 ans après qu’ils accostèrent sur les côtes brésiliennes et pénétrèrent dans cette jungle humide… Un léger sac à dos remplace la pesante armure, au cœur d’une même nature originelle. Il ne reste que 7% de la Mata Atlantica – la forêt Atlantique en portugais -, un trésor de biodiversité qui borde le littoral. Armé de ses bâtons de marche, l’explorateur du XXIème siècle poursuit sa découverte de la côte parsemée de plages et de cascades idylliques. Sous la protection de Curupira, gardien de la forêt selon la croyance locale des indiens Caiçaras, il trace son chemin entre les arbres dans lesquels les pêcheurs se taillent des pirogues. Halte pour la nuit dans une chambre d’hôte du village de Ponta Negra, accessible uniquement à pied ou en bateau, où il règne un parfum de paradis perdu. On plonge dans les rouleaux avant de siroter une caïpirinha au soleil couchant. De retour de la pêche, ses habitants jouent au « futebol » pieds nus dans le sable. Les femmes bavardent, assises sur les barques retournées. C’est le menu de l’un des nombreux treks proposés aux alentours du joyau colonial de Paraty et l’île d’Isla Grande, entre une visite culturelle et une pause farniente.

Désert d’Atacama au Chili

desert-chili.jpg Les accros d’étendues infinies trouveront une séduisante alternative au nord du Chili, où marcher à travers l’altiplano, « plaine d’altitude » en espagnol, à 4000 mètres en simples chaussures de rando, entre les frontières bolivienne et argentine. Dans le désert d’Atacama, le plus aride du monde, on ne croise pas de chameaux, mais des lamas et des vigognes, leurs élégantes cousines. En guise de dunes, une steppe cernée par les sommets de la Cordillère des Andes. Plus bas, à 2 300 mètres, s’étire le salar de Atacama. Moins grandiose que celui d’Uyuni, en Bolivie, il reste bluffant. Cette croûte blanche de sel s’étend sur une centaine de kilomètres. La laguna de Chaxa constitue un excellent point d’observation de ses locataires, les flamants roses. Une autre laguna, Piedra, est ouverte à la baignade. On y flotte comme sur la mer Morte ! Les geysers du Tatio offrent encore une variante géologique. À l’aube, l’amplitude thermique intensifie les fumerolles. Attention à bien se couvrir, il fait jusqu’à -15°C en juillet-août, au cœur de l’hiver austral. Pour se réchauffer, on ne boira pas un brûlant thé à la menthe, mais une tisane de feuilles de coca, idéale contre le mal des montagnes. Enfin un point commun avec les déserts du Sahara ou de Gobi : une oasis, San Pedro de Atacama, avec ses murs rose en adobe (brique de terre séchée), ses restos et ses beaux hôtels où ont dormi Cameron Diaz ou Audrey Tautou. Toute une faune de vendeurs d’aventure propose des tours en 4×4 ou en VTT, voire avec un surf sur le dos, direction la vallée de la Mort, où les rares pentes de sable du désert d’Atacama se dévalent en sandboarding, du surf des sables ! Avant le coucher du soleil, on traverse en quatre heures les canyons de la vallée de la Lune, aux roches veinées de cristaux de sel ou de gypse. Cette balade cosmique se termine sous l’un des plus beaux ciels du monde, la Mecque des astronomes. La grande aventure au plus près des étoiles.

La Patagonie

patagonie.jpg La Terre de Feu représente l’eldorado des amateurs d’aventures, qui se doivent de cocher la case Patagonie dans la liste de leurs exploits. On l’approche côté Chili, à l’est, ou Argentine, à l’ouest. Les plus chevronnés se lancent à l’assaut de ses sommets mythiques, le Fitz Roy et le Cerro Torre, réputés parmi les plus difficiles à gravir au monde. De part et d’autres de la frontière Argentine-Chili, une barrière de granit borde les champs de glace du Hielo Continental. A leurs pieds, on part en randonnée ou en trek entre les lacs et les imposants glaciers du parc national Los Glaciares, en Argentine, dont celui de Perito Moreno. Au bout du monde, vous ne croisez que quelques aigles, des condors et des pumas à travers la forêt patagonne et le paysage de steppe désertique. Sur les côtes et dans les fjords, safari marin à la découverte d’une autre faune : la baleine franche australe, les éléphants de mer, les otaries ou les manchots. Possibilité de les approcher de près en kayak, en pagayant dans ces bras de mer cernés par la cordillère Darwin. Plus au sud, vers Ushuaia, en Argentine, la ville la plus australe du monde, les montagnes se perdent en un chapelet d’îlots et un dédale de canaux et de fjords où repartir en balade, aux confins de la Terre. On peut aussi lever l’ancre en voilier, pour une navigation sur les canaux de Patagonie, le long des côtes ou plein sud vers l’Antarctique, à travers la banquise disloquée.

Le prochain chapitre sur le tourisme d’aventure traitera le thème pour les pays suivants :
Equateur, Colombie, Guatemala, Costa-Rica, Panama, Pérou, Uruguay…