Les hôtels d’Amérique latine les plus écologiques

L’exemple de sept établissements engagés pour la planète

Transformer les ressources naturelles en énergie : le pari réussi des éco-hôtels

Seul lodge de la région à être totalement construit dans un cadre naturel, le luxueux Alto Atacama, situé dans le désert du même nom, au Chili, s’engage en faveur d’un tourisme responsable. Présenté comme « un écolodge dans le désert le plus aride au monde », il est surtout l’un des seuls hôtels de l’Atacama à utiliser son propre système de traitement des eaux. Comme celle de la région est naturellement impropre à la consommation ou à l’irrigation en raison de sa forte salinité, l’établissement la purifie grâce à un innovant système d’osmose inverse. Elle est ensuite réutilisée pour le spa, le service de blanchisserie ou encore le restaurant. Les eaux usées sont quant à elles recyclées pour l’arrosage du potager et du jardin. Les panneaux solaires permettent de chauffer la piscine du lodge, qui possède en outre son propre générateur électrique et a opté pour une isolation thermique naturelle utilisée par les Atacameños depuis des générations, pour retenir la chaleur en hiver et maintenir les chambres au frais durant l’été. L’Alto Atacama pratique le tri sélectif ; il redistribue le verre à des associations qui assurent son recyclage et transforme en compost ses déchets organiques.
L’Hotel del Nómade, situé à Puerto Pirámides, sur la Penínsule Valdés en Argentine, compte lui aussi parmi les hôtels les plus vertueux d’Amérique latine. Il a choisi d’expliquer son concept écologique de manière très pédagogique sur son site internet, à l’aide d’un document d’une vingtaine de pages qui détaille la démarche environnementale de l’établissement et de vidéos expliquant le fonctionnement énergétique du bâtiment, en hiver comme en été, avec son collecteur d’eau de pluie et ses panneaux solaires – le soleil, constant dans ces latitudes semi-désertiques, représente une formidable énergie naturelle qui ne demande qu’à être réutilisée -, ainsi que son astucieux système de réutilisation des eaux usées. Ces ressources numériques, pour le moins didactiques, ne sont pas les seules que l’hôtel de huit chambres met à la disposition de ses clients potentiels : pour aller au bout de ses engagements écologiques, il a en effet choisi de n’éditer aucune brochure ni aucun dépliant, préférant proposer aux voyageurs des ressources virtuelles sur la Penínsule Valdés, les richesses naturelles de la destination et les activités proposées.

Au Mexique ou au Guatemala, des hôtels qui optent pour l’autosuffisance

C’est en 2005 que la propriétaire d’Isla Verde, hôtel « éco-chic » situé au bord du lac Atitlán, à l’ouest du Guatemala, a eu l’idée de proposer un hébergement qui limiterait son impact environnemental. Cette année-là, elle rachète un hôtel en retrait du lac et fait l’acquisition du terrain adjacent pour créer un accès directe à la rive. Depuis, son établissement eco-friendly prône une vie simple et saine au contact de la nature. Il a la particularité d’être autosuffisant : l’énergie produite par les panneaux solaires fournit électricité et eau chaude, tandis que les eaux usées servent à irriguer le potager et le verger. Autant de cultures qui lui permettent d’assurer une production de fruits, légumes, herbes aromatiques mais aussi plantes médicinales 100 % bio, qui poussent grâce au compost « fait maison » réalisé sur place. Le recyclage et la réduction des déchets sont également au cœur du fonctionnement de l’hôtel, dont l’aménagement a fait la part belle aux matériaux locaux et à la récup’. Autant de partis pris qui permettent à Isla Verde de participer à la préservation de la forêt subtropicale, et aux hôtes de ses cabines en bois de vivre en harmonie avec les nombreuses espèces d’oiseaux qui la peuplent.
À Tulum, ancienne cité maya qui surplombe la mer des Caraïbes, au Mexique, les vestiges historiques côtoient des éco-hôtels à l’esprit bohème, respectueux de leur environnement. Parmi eux, l’hôtel Casa de Las Olas est tout particulièrement engagé dans la préservation des ressources naturelles et les économies d’énergie. « There’s a really strong eco ethic in Tulum: some places are entirely self-sufficient, such as the idyllic Casa de las Olas, which has its own solar power and a leave-no-trace vibe », écrivait le Daily Mail en 2014. L’électricité est fournie à 100 % par les panneaux solaires de l’établissement, le seul du Mexique avec le label Platinium LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), un programme international qui récompense la qualité environnementale des bâtiments. Casa de las Olas est écologique jusque dans son architecture (qui a pourtant plus de 40 ans), étudiée pour permettre à la brise de rafraichir l’air intérieur sans climatisation. L’hôtel, bâti de manière à capter les sources d’eau souterraines, est aussi équipé de systèmes de récupération d’eau de pluie, laquelle est utilisée pour arroser et reproduire les plantes indigènes essentielles à l’écosystème local.

Des hôtels qui soutiennent la communauté locale au Costa Rica et en Argentine

L’éco-tourisme, comme détaillé dans un précédent article publié sur le sujet, ne se limite cependant pas aux actions purement environnementales. Ainsi, le Tree House Lodge, au Costa Rica, (voir magazine Paris Worldwide n°20 de juillet 2017, page 81) s’implique non seulement dans la préservation de la forêt qui l’abrite mais soutient également des associations chères à la communauté locale. L’hôtel participe notamment à la vie de l’association Colac, qui œuvre pour l’amélioration du niveau de vie des habitants, la Cooperativa Talamanca Sostenible, qui encourage les énergies alternatives, ou encore Adela, qui s’oppose aux activités pétrolières sur la côte sud des Caraïbes. Cette implication vaut au Tree House Lodge d’être certifié « 5 feuilles », soit la plus haute distinction, par l’office de tourisme national.
Dans un article intitulé How to pick a green hotel, le site Lonely Planet invite les voyageurs en quête d’un hôtel « vert » à choisir des établissements qui sont non seulement vertueux sur le plan écologique, mais aussi directement engagés auprès des populations locales. C’est le cas de l’hôtel Hacienda Chichen resort, dans l’état mexicain du Yucatan, qui apporte son soutien à différentes fondations pour l’éducation des communautés mayas les plus rurales, dont sont d’ailleurs issus 99 % de ses employés. La formule permet en outre de sensibiliser les clients de l’établissement, encouragés à faire un don ou, pour ceux qui le souhaitent, à mettre à profit leur séjour pour devenir volontaires dans l’un des programmes éducatifs mis en place.
Au sud de Bariloche en Patagonie argentine, l’Estancia Peuma Hue propose un tourisme alternatif qui favorise la prise de conscience environnementale et encourage les séjours en petits groupes. Elle aussi assiste des ONG locales engagées dans des programmes éducatifs, participe à l’embauche de la population d’origine rurale et fournit aux artisans de la région un lieu pour vendre leurs créations aux visiteurs. Ces initiatives rappellent à quel point l’éco-tourisme implique tous les acteurs d’un territoire : les professionnels du tourisme, bien sûr, les voyageurs eux-mêmes, incités à la prise de conscience et au don, mais aussi les populations locales, qui doivent bénéficier des retombées financières tout en veillant à la préservation de leurs terres, de leur culture et de leurs traditions les plus ancestrales.

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Alors que l’Amérique latine opère sa transition vers un tourisme toujours plus responsable, le secteur de l’hôtellerie a un rôle majeur à tenir. L’enjeu pour les établissements, tout particulièrement lorsqu’ils sont situés dans des zones protégées pour leur valeur environnementale, historique ou culturelle, consiste à respecter simultanément plusieurs engagements exigeants : un bâtiment harmonieusement intégré à la nature, des pratiques vertueuses en matière d’énergies et de déchets, mais aussi une aide concrète apportée aux populations locales, lesquelles, premières concernées par la sauvegarde de leur environnement, bénéficient directement des retombées du tourisme lorsqu’il est éthique et équitable.