Grands travaux : les infrastructures les plus spectaculaires d’Amérique latine

train.jpg

Viaduc de La Polvorilla, téléphérique de Chachapoya : la tête dans les nuages

L’une des constructions les plus vertigineuses d’Amérique latine se trouve dans la province de Salta, au nord de l’Argentine. Le viaduc La Polvorilla, situé à 4 182 mètres d’altitude, est même le pont ferroviaire le plus haut du monde. Cet ouvrage de 224 mètres de long au tracé courbé, qui repose sur six piliers, s’érige à 63 mètres au-dessus du sol. Il a fallu deux ans, de 1930 à 1932, pour bâtir cette structure d’acier de 1 590 tonnes au beau milieu de hauts plateaux montagneux. Cette portion de l’ancien chemin de fer General Manuel Belgrano est désormais le terminus du très touristique Tren a las Nubes, ou Train des nuages, qui transporte les voyageurs d’avril à novembre. Une excursion d’une journée particulièrement spectaculaire, qui part de Salta au petit matin et y revient peu avant minuit.

Beaucoup plus récent, le téléphérique de Chachapoya vient tout juste d’être mis en service au Pérou. Jusqu’alors, il fallait plusieurs heures de marche pour rejoindre la forteresse pré-inca de Kuélap, située dans la région Amazonas au nord du pays. Désireuses de rendre plus accessible ce merveilleux site archéologique, les autorités péruviennes ont décidé en 2014 la construction de télécabines, permettant de réduire cette ascension à une vingtaine de minutes. C’est l’entreprise française de transport par câble Poma qui s’est vue confier l’exploitation des 26 cabines, qui partent de Nuevo Tingo pour rejoindre l’impressionnante muraille et les 400 édifices qu’elle abrite. De quoi contribuer à l’essor touristique de cette région encore méconnue, et faire de Kuélap un « second Machu Picchu ».

panama-3.jpg

Le trafic maritime, du Canal de Panama aux ports de Valparaiso et d’El Callao

L’inauguration du nouveau canal de Panama en juin dernier, après 9 ans de travaux titanesques, a été largement médiatisée. Cet agrandissement, qui permet au célèbre canal de doper ses capacités commerciales, témoigne du dynamisme de l’Amérique latine en matière de transport maritime. Au même titre que les récents aménagements du port de Valparaiso, l’un des plus actifs du Chili, qui a modernisé et enrichi ses infrastructures au court des dernières années.

Outre l’extension de 740 mètres de la zone des quais, il a également vu ses 12 portiques rehaussés pour accueillir chacun non plus cinq mais six conteneurs de haut. Des travaux qui permettent au port de Valparaiso, qui déplaçait jusqu’alors un peu plus de 911 000 TEU* par an, de gérer 60 000 TEU supplémentaires. Un secteur touristique et commercial a également été aménagé sur le front de mer, à Puerto Baron, pour développer l’attractivité de la ville, capitale culturelle et artistique du Chili, en matière de croisières.

Quelques années plus tôt, le port péruvien d’El Callao avait lui aussi choisi de développer ses capacités d’accueil, en partenariat avec l’opérateur portuaire émirati DP World. En tout, 210 millions de dollars ont été investis, pour construire des quais supplémentaires, capables d’accueillir des navires de 5 500 TEU, une zone de stockage de conteneurs d’une capacité d’environ 800 000 TEU, et développer l’accessibilité, la sécurité et les infrastructures logistiques de cette vaste zone portuaire. Un vrai coup d’accélérateur pour le développement touristique du Pérou.

(*TEU : twenty-foot equivalent unit, ou EVP, équivalent vingt pieds, en français)

barrage.jpg

Sur le barrage Chicoasén, la plus grande centrale hydroélectrique du Mexique

Situé sur le río Grijalva, au Chiapas, le barrage Chicoasén – également appelé barrage de Manuel Moreno Torres – abrite la plus importante centrale hydroélectrique du Mexique. Conçu dans les années 1970 à 262 mètres au-dessus des fondations et mis en service en 1980, le barrage était à l’origine équipé de 5 générateurs de 300 mégawatts. Trois nouveaux générateurs, de 310 mégawatts, ont été installés en 2005. Ce barrage en enrochements, long de 485 mètres, retient un réservoir de 1 613 mᶾ. Une infrastructure magistrale, qui n’est pas seulement utile : le site est également la destination d’une escapade fluviale prisée des touristes.

Le barrage permet en effet de remonter sur 35 kilomètres les gorges du cañon del Sumidero, l’une des merveilles naturelles de la région. Cette impressionnante faille géologique, formée il y a près de 40 millions d’année, se découvre à bord de petits bateaux à moteur. L’occasion d’admirer ses parois spectaculaires, qui atteignent jusqu’à 800 mètres au-dessus du niveau de l’eau, mais aussi la riche faune qui vit sur place : hérons, cormorans, vautours, mais aussi crocodiles et singes araignées.
Ce barrage, le sixième plus grand du monde, est donc à la fois une infrastructure indispensable à la production d’énergie mexicaine, et un moteur pour le développement local d’activités touristiques. Un bel exemple !

metro.jpg

Buenos Aires, Mexico et Santiago du Chili : zoom sur 3 métros emblématiques

Le métro de Buenos Aires, appelé « Subte » par les Argentins, est le plus ancien métro de tout l’hémisphère sud. Une seule ligne est opérationnelle lors de son inauguration en 1913, avant la mise en service de quatre autres lignes entre 1930 et 1944. Le réseau souterrain ne connaît plus aucun aménagement majeur jusqu’en 2007, et l’inauguration de la ligne H. Les 6 lignes en service desservent actuellement 83 stations, sur un réseau long de 58 kilomètres qui accueille 1,7 million de voyageurs par jour. Plusieurs aménagements ont été entrepris ces dernières années : le remplacement progressif du matériel roulant très ancien, et la création prochaine de 3 nouvelles lignes.

Le métro de Mexico est plus récent, puisque sa première ligne a ouvert en 1969. Son réseau n’a cessé de se développer depuis, pour couvrir désormais 175 stations, 200 kilomètres de double voie et un total de 11 lignes. La construction d’une douzième ligne a été décidée en 2007, et fait actuellement l’objet de recherches de financements privés. Pour autant, les projets et évolutions ne sont pas mis en veille, puisque la STC, qui exploite le réseau, a signé un accord de coopération élargi avec la RATP en 2014, après un premier accord en 2013. L’objectif, pour les deux entreprises, est de favoriser l’échange technologique en matière de construction, d’exploitation et de maintenance.

Plus modeste, avec ses 5 lignes, ses 108 stations et ses 110 kilomètres de réseau, le métro de Santiago n’en est pas moins l’un des plus innovants du continent. D’abord, parce que deux nouvelles lignes seront mises en service d’ici la fin de l’année 2018, soit 37 kilomètres supplémentaires. Mais aussi parce que le métro local deviendra prochainement le premier au monde à tirer plus de la moitié de son énergie du soleil et du vent. L’objectif est de parvenir, d’ici 2018, à 60 % d’énergies renouvelables, grâce à une centrale photovoltaïque de 250 000 panneaux solaires et un parc éolien d’une capacité de production de 185 mégawatts, tous deux construits dans le désert d’Atacama, le plus aride au monde.

Réseaux de transport souterrain performants, viaducs vertigineux, barrages spectaculaires, installations portuaires toujours plus grandes, canal aux dimensions record ou téléphérique dernier cri : depuis des décennies, l’Amérique latine fait figure de référence en matière de grands travaux. Tour à tour prouesses technologiques ou performances architecturales, ces aménagements ont des effets directs sur l’essor économique et commercial des pays concernés. Et fascinent autant les passionnés d’ingénierie que les amoureux du voyage, dont ils enrichissent l’expérience et facilitent les déplacements…